Carte postale : Je donne ma vie, versez votre or

Archives Charpentier, bijoutier à Perpignan, rue de l’Argenterie.

Pendant la Première Guerre mondiale, la carte postale comme l’affiche sont les principaux moyens de communication dont disposent les autorités pour s’adresser à la population. Editées en grandes séries et diffusées rapidement, elles sont diffusées auprès de la population par le biais de certains commerçants et édiles des villes.

 

Carte de propagande pour l'emprunt, archives Charpentier, vers 1915.

Carte de propagande pour l'emprunt, archives Charpentier, vers 1915.

 

L’artiste : Cette carte a été dessinée par Guy Arnoux vers 1915. Guy Arnoux, né en 1886 et mort en 1951, est connu comme artiste, illustrateur et graphiste français. Il a illustré près de quatre-vingts livres dont plusieurs grands formats d’une remarquable qualité d’impression chez Devambez (1917: Quelques drapeaux français; 1918: Tambours et trompettes). À l’issue de la Guerre de 1914-18, il participe à de charmants petits livres pour les enfants : Le bon Anglais, Carnet d’un permissionnaire, Nos frères d’Amérique… Entre 1912 et 1925 il collabore à la célèbre revue de mode La gazette du bon ton. Il s’est intéressé aux domaines les plus variés de l’art décoratif : décors pour les paquebots (dont le Lafayette en 1930), publicités, jeux, affiches, menus, programmes, costumes, éventails, foulards, et même des chaussures [1]. Il laisse derrière lui un caractère d’imprimerie, intitulé Guy-Arnoux capitale, qu’il a réalisé en 1914 à la demande de Georges Peignot pour la Fonderie G. Peignot & Fils. Issu d’une famille de militaires, l’armée et le patriotisme constituent ses thèmes favoris, allant parfois jusqu’à une certaine naïveté chauvine. En 1921, il est nommé peintre officiel de la marine. En 1945 il illustre pour Alsatia un livre pour enfants Trois campagnes d’Alsace: 1674, 1793, 1944.

Son trait est reconnaissable entre tous : un cerne noir et de larges aplats, très souvent réalisés au pochoir. Il est le représentant d’un nouvel art populaire, à la fois moderne et traditionnel. C’est sans doute le dernier grand imagier français. Il meurt en 1951, près d’Orléans, un peu oublié, loin de Paris et de la mer qu’il avait tant aimés.

L’œuvre : Un poilu dans une tranchée, dans un cadre de lauriers et feuilles de chêne enguirlandés de ruban tricolore. Au dos “Tout Français doit verser son or pour accroître la puissance financière du pays, pour faciliter les achats à l’étranger, pour hâter la victoire. La Société Générale échange, à tous ses guichets, l’or contre des billets de banque et remet, immédiatement, le Certificat spécial délivré par la Banque de France.”.

Les deux slogans sont tout aussi concis et clairs:  Je donne ma vie, versez votre or.

L’or combat pour la victoire et peut sauver des vies, notamment celle des jeunes partis dans les tranchées. Ce double appel au civisme et au patriotisme étend la défense de la patrie à l’ensemble de la population et établit une juste répartition des sacrifices déjà consentis par les combattants du front.

La technique de reproduction est celle de la lithographie. Ce procédé, rapide et peu coûteux, permet une diffusion à grande échelle des affiches de propagande.

 

Le contexte : En 1914, les gouvernements français et allemands, pensent que la guerre sera courte et ne prévoient pas le financement et la mobilisation économique nécessaires à une guerre qui dure. Dès 1915, les premiers besoins d’argent apparaissent.

Les commandes de matériels de guerre imposent un effort industriel sans précédent, or l’appareil productif français est concentré dans les régions du nord et de l’est occupées par l’armée allemande. La restructuration industrielle et la reconstitution des réserves de matières premières nécessitent des investissements importants et l’accroissement des importations.

Confronté à l’épuisement des finances publiques et à une inflation croissante, l’Etat cherche à drainer l’épargne des Français. Le premier emprunt dit «de la Défense nationale» est lancé en novembre 1915, trois autres lui succèdent jusqu’en novembre 1918. En 1920, deux nouveaux emprunts sont proposés pour la reconstruction des régions dévastées.

Pour être efficace, l’affiche doit envoyer un message clair et frappant. Dans cette affiche, l’appel au civisme et au patriotisme repose sur le parallèle établi entre le soldat se battant sur le front et le civil qui soutient financièrement l’effort de guerre. Le message est évident : comme le «poilu» verse son sang, le Français resté à l’arrière doit «verser son or». En France, ces campagnes sont couronnées de succès puisque les emprunts d’État souscrits par les épargnants ont couvert la moitié des dépenses de guerre.

Propagande

Propagande

Ce contenu a été publié dans Bijouterie XXe s. roussillonnaise. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Carte postale : Je donne ma vie, versez votre or

  1. Tana dit :

    Merci beaucoup de votre aide.

Répondre à Tana Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *