Le deuil en Roussillon au XVIIIe s.

La couleur noire pour signifier le deuil apparaît au XVIIe siècle.Hone, nathaniel, coll tansey

En Roussillon deux tenues semblent se distinguer chez les femmes : celle du deuil de cérémonie et celle du deuil au quotidien.  Pour le deuil de cérémonie, les Roussillonnaises portent des coiffes noires de taffetas (1) qu’elles se procurent chez les marchands d’habits(2). Elles les agrémentent de garnitures de dentelles, rubans et fleurs de tissus noirs(3). Vient ensuite l’habit, c’est à dire le manteau de robe et sa jupe assortie : « un vestit negra de dona ço es manto y faldillas de papalina, una xarpa de tafatas negra doblada de sati blanch(4) » c’est-à-dire un habit de femme constitué d’un manteau et de jupons de papeline, ainsi que d’une écharpe de taffetas noir doublée de satin blanc. Au cours du XVIIIe siècle, l’usage de se couvrir de grandes étoffes noires de la tête aux pieds semble disparaître dans les couches aisées.la grande Vierge en émoi

Un témoignage décrivant une Vierge de la Piéta, en 1708, permet d’en savoir plus sur ce déclin du grand deuil à la Catalane: « Elle est vêtue de grand deuil comme le sont non pas les personnes du commun mais les dames catalanes qui conservent quelque chose de la manière ancienne de s’habiller dans ce pays ; elle a de grandes coiffes de crépon noir »(5). En 1786 on trouve dans un inventaire cette description d’une « espèce de voile à l’ancienne en taffetas noir moucheté(6)», vestige des grandes mantilles d’antan.mv_1_dama

Pour sortir, la capuche noire est préférée l’hiver, portée sur une coiffe noire. Les hommes portent aussi des tenues noires de deuil, habits complets de voile noir et bas de soie noire. Les boucles de souliers à pierreries sont proscrites et remplacées par de simples boucles de fer(7).

Lorsque le grand deuil est passé, le Catalan met à sa veste une cocarde de rubans noirs(8). Il est en outre d’usage dans les grandes familles d’habiller de la couleur du deuil, le jour de l’enterrement, les gens de la maisonnée : servantes, laquais et autres, et de donner à chaque participant à l’entrée de l’église ou se déroule la cérémonie un crêpe noir, comme mentionné lors des obsèques en 1757 de l’épouse de Don Joseph d’Oms en la cathédrale de Perpignan(9).

 

1 ADPO, 3 J 407, 1697.

2 ADPO,5 E 1/5962, 1681.

3 ADPO, 3 E 1/5752, garniture de cofa de dol, 1698.

4 ADPO, 10 Bp 355, 1698. Un habit de femme noir composé d’un manteau et de jupons de papeline, une écharpe de taffetas noir doublé de satin blanc.

5 Colomer, (C.), op.cit.p.142.

6 ADPO, 3 E 14/72, 1786.

7 ADPO, 3 E 22/258 1786.

8 ADPO, 3 E 5/36, 1760.

9 ADPO, 3 E 22/230, 22 mars 1757, le sieur d’Oms pourvoit aussi à l’achat de draps noirs pour garnir l’autel et la chaire de la collégiale.

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