La coiffe roussillonnaise de la seconde moitié du XVIIIe s.

Pour comprendre l’apparition de la coiffe « catalane », il faut se replacer dans l’histoire de la mode en France sous le règne de Louis XVI. Le goût pour les coiffures extravagantes se développe à la cour avec des coiffes en mousselines et dentelles de plus en plus imposantes. Parmi la multitude de coiffures en dentelles, en mousselines brodées ou en gaze, que portent les Catalanes en vue, un modèle va émerger dans la bourgeoisie comme étant celui propre au pays. Ce modèle, plus commun et plus diffusé, donnera naissance à la coiffe catalane. Elle sera assumée comme telle par les femmes, de la paysanne aisée jusqu’à la plus riche des bourgeoises, revêtant ainsi le signe ostentatoire d’une appartenance culturelle (1). En Roussillon, la mode de ces coiffes de fine lingerie se diffuse grâce aux gravures mais aussi par les commandes passées auprès des marchands lingers parisiens ou lyonnais (2). Certains ateliers de couture à Perpignan répondaient à la demande et ajustaient à la taille les pièces ramenées de la capitale.

Les Roussillonnaises riches ou pauvres ont, de tout temps, aimé la mode ! Elles portent vers 1780 des coiffes en linon ou mousseline l’été ainsi que des coiffes d’hiver en piqué. D’une forme simple, les bonnets sont agrémentés de dentelles cousues sur la passe. C’est une réponse locale à la mode des coiffes imposantes de la cour, portées par les plus riches : « Chanoinesse » dont les pans se croisent sous le menton, « Jeunesse » ou encore « Thérèse ». Cette dernière était une sorte de cage de gaze de grande dimension, proche de la calèche mais sans aucune baleine d’osier, souvent en gaze transparente.

A ces nouveautés parisiennes en usage chez les femmes nobles, les bourgeoises, les femmes d’artisan et les paysannes aisées répondent par des coiffes en linon dont le bonnet se veut volumineux, par imitation. La bande de mousseline plissée ou de dentelle est cousue sous la passe du bonnet. Elle retombe de chaque coté du visage jusqu’aux épaules. Un ruban de soie de couleur est alors noué sur le haut de la tête en enserrant le bonnet.

Détail d'une passe de coiffe roussillonnaise plissée

Détail de la moitié d’une passe de coiffe roussillonnaise plissée

la Perpignanaise peinte par Jacques Gamelin

la Perpignanaise peinte par Jacques Gamelin

jeune femme allaitant par Maurin, 1800.

jeune femme allaitant par Jacques Maurin, 1800.

 

 

 

1Le Guennec, A., « Modes régionales en France au XVIIIe siècle : illusion ou réalité ? » Modes en miroir, Musée Galliera 2005., p.208.

2AD66, 1J467, livre de comptes du marchand linger lyonnais César Sonnerat.

 
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