Il était une fois la bijouterie roussillonnaise

La bijouterie roussillonnaise 

Intro

La bijouterie traditionnelle en Grenat de Perpignan est la production la plus prestigieuse de l’artisanat d’art du Roussillon (département des Pyrénées-Orientales), dans le sud de la France. La région du Roussillon est considérée comme un pays catalan, au regard de la linguistique, de l’ethnologie et de l’histoire.

Le savoir-faire des bijoutiers conserve ici l’héritage des techniques de la bijouterie des XVII et XVIIIe s. Pratique totalement manuelle, elle a su préserver la méthode d’estampage et de serti clos. Cette méthode a disparu partout ailleurs au profit des procédés de fontes.

 

 

 

Tradition

Le XVIIIe s. voit le triomphe de la joaillerie. Le Roussillon entre dans la prospérité qui s’installe en Europe au Siècle des Lumières. La vogue des bijoux se répand au-delà du cercle restreint des nobles. Les pierres fines – grenats, rubis, saphirs, topazes – sont largement employées, dans des compositions multicolores. De plus riches parures sont réalisées en roses de diamants, puis en strass, verre au plomb très brillant. Le nœud de ruban constitue depuis la seconde moitié du XVIIe siècle un thème récurrent de la joaillerie. Le nœud à la Sévigné, qui dessine un enroulement d’or et de grenats, ornemente généralement la croix Badine. Toutes ces pierres transparentes sont alors montées dans une petite cuvette de métal, tapissée d’un paillon d’argent de la couleur de la pierre. Cette technique utilisée jusqu’à nos jours en Roussillon renforce le pouvoir de réfraction de la lumière à travers les facettes de la pierre.

Empire et Restauration

Après les affres de la Révolution française en matière de luxe, l’Empire et la Restauration retrouvent un goût certain pour les parures. A Perpignan, nouveaux riches puis émigrés revenus sur leurs terres permettent au bijou roussillonnais de revenir en scène. Les goûts vont alors à des parures aux tonalités d’une seule couleur avec des pierres fines, aux diadèmes, ainsi qu’aux boucles articulées sur plusieurs étages. Jusqu’au Second empire, la finesse des bijoux de Perpignan est reconnue lors des passages de personnalités (duchesse de Berry, duchesse d’Orléans). Toutefois le grenat y est monté autant que la citrine et les doublets de différentes couleurs. On notera aussi la production de bijoux bimétalliques avec roses de diamants.

Rénovation

Après 1870, la bijouterie roussillonnaise effectue un tournant décisif dans son histoire. Le bijou grenat devient la spécialité de Perpignan. L’ensemble de la profession se spécialise dans le montage des grenats en serti clos, correspondant à une demande du goût général et enjolivée par le régionalisme local. En effet le bijou devient alors un emblème vivant des racines catalanes. Les bijoutiers sont les promoteurs de ce renouveau. Ils vont créer des bijoux d’une ligne pure et actuelle. Après le style Second Empire, c’est l’Art nouveau qui s’impose à Perpignan, dans l’effervescence de l’expansion géographique et économique de la ville.

Expansion

Après la Grande Guerre, les bijoutiers du grenat se lancent dans un bijou d’une grande pureté. Cette nouvelle ligne correspond à l’engouement pour l’Art Déco. Dans les années 1930, sous la houlette de J .Charpentier, président de la chambre syndicale, la bijouterie grenat est confortée comme spécialité de Perpignan. Elle est présente aux Expositions de Paris, en 1931 et 1937.  Le bijou en grenats s’impose aussi comme un véritable symbole d’un Roussillon fier et authentique lors de la seconde vague régionaliste, aux lignes épurées et méditerranéennes, à l’identique de l’éthique des artistes locaux comme Han Coll ou plus connus tel Maillol et Manolo Hugué.

Aujourd’hui

Si les bijoutiers spécialisés dans le bijou en grenats continuent à fabriquer, leur avenir ne peut s’inscrire dans la durée que s’ils continuent leur travail de manière totalement traditionnelle. Une prise de conscience est née. Aujourd’hui, le bijou en grenats doit totalement s’inscrire dans le secteur du luxe et de la mode. Il participe de la sorte à la renommée de la qualité du savoir-faire roussillonnais, pur mélange des racines catalanes et du luxe français dans une recherche de l’excellence. Un institut se dédie afin de permettre au bijou grenat de devenir à nouveau un symbole de modernité tout en véhiculant les valeurs d’une noble tradition.

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