Parmi les moires de lumière
Et l’ombre des acacias,
Sur la route, dans la poussière,
Son pied imprime ses cinq doigts.
Deux mèches luisantes recourbent
Deux accroches cœurs sur son front,
Ses yeux voluptueux et fourbes
Sont cernés d’un trait de charbon.
Sa marche fait vibrer à peine
Les grelots de son tambourin,
Elle sait des chansons anciennes,
Elle lit aux lignes de la main.
Liseuse de bonne aventure,
Elle illumine comme il sied
Sa ténébreuse chevelure
Avec des fleurs de grenadiers ;
Et l’éclat des rouges coroles
Veut dire le présage heureux
Qu’arbore en parures frivoles,
La destinée aux noirs cheveux.
Sa main brune aux bagues dorées,
Avec des grenats de clinquants,
Montre la finesse ajourée,
D’une dentelle de fil blanc.
Car elle s’en va dans les foires,
Magicienne du mauvais œil,
Vendre à qui veut y croire
Ses sourires de bon accueil,
Ses favorables horoscopes,
L’espoir d’un avenir menteur,
Ses dentelles qui rendent folles,
Ses bagues qui portent malheur.
Chrétienne et mahométane,
Qui fait tiédir sur son cœur noir
Des amulettes de gitanes
Et des médailles du « Pilar ».