Bals dans les Loges maçonniques de Perpignan en 1851.

En Roussillon, les bals les plus spectaculaires de la période des crinolines sont ceux donnés à l’occasion du carnaval de Perpignan. En 1851, la Revue maçonnique se fait écho de ces bals, notamment ceux donnés par les deux principales Loges maçonniques de la ville, la Loge Saint Jean des Arts et la Loge de l’Union. Les fastes de ces bals mettent en relief l’engouement des roussillonnais pour tout ce qui touche au paraître.

Ces festivités démontrent l’exemplarité de ces deux Loges qui firent chacune à leur tour un bal de charité en s’invitant mutuellement.

« Depuis l’ouverture du carnaval, il n’y avait eu à Perpignan que quelques soirées dansantes, où se réunissaient des personnes choisies, mais en assez petit nombre. Le samedi 22 février, les membres de la Loge de l’Union ont donné un bal où a assisté tout ce qu’il y a de plus distingué, en dames et en hommes en cette ville. Les beaux salons de ce local ( actuelle Casa Xanxo) étaient resplendissants de lumière ; tout y était d’une fraîcheur et d’un goût admirable. Les dames n’y étaient pas très nombreuses mais il y en avait assez cependant pour remplir tous les quadrilles. Nous ne dirons rien du luxe de leurs belles toilettes ; elles étaient toutes d’une élégance irréprochable. Une d’entr’elles surtout a attiré l’attention de tout le monde par la richesse de sa parure de diamants qui étincelaient au reflet des nombreuses lumières, et nous nous empressons d’ajouter qu’elle n’avait pas besoin de ces ornements pour captiver les regards. Une vingtaine de musiciens pris dans les corps des régiments de la garnison formaient l’orchestre, conduits par leurs chefs de musique. Plusieurs salles étaient occupées par les joueurs, c’est aujourd’hui une nécessité que nous ne blâmerions pas, si les tables n’étaient prises que par les hommes d’un âge mur, mais c’est précisément les jeunes gens qui les envahissent, tandis que leur présence devrait orner les salles du bal. Cependant il parait que les enjeux ont été modérés, quoique les joueurs se soient retirés avec le jour. Cette société réunissait les opinions les plus diverses, en politique. On y remarquait en grand nombre les hommes qu’on appelle de l’Ordre, soit des légitimistes, des orléanistes, des élyséens, voire même des socialistes. Puisse ce mélange faire disparaître dans un temps donné ces haines qui divisent la France, au préjudice de touts les classes laborieuses. » A quelques jours prêt, le bal des artisans était d’une tenue plus bourgeoise, les musiciens n’y étaient plus ceux de la garnison mais plutôt ceux de la ville, c’est-à-dire des civils. Toutefois, les danses de ce genre de bals de salon, n’avaient pas de caractère local, le quadrille et la valse y régnant alors. « La Loge saint Jean des Arts a aussi donné un superbe bal qui avait attiré un grand nombre de personnes. Les locaux de cette société ne sont pas aussi avantageux que ceux de dont nous venons de parler, mais la salle ou se tenait le bal est très spacieuse et brillamment décorée. Les personnes qui y assistaient étaient presque toutes de la classe ouvrière, s’il n’y avait pas cette triste étiquette qui étouffe souvent le plaisir, il y régnait la plus franche cordialité et une gaîté que nous ne trouvons presque jamais dans les salons dorés. Cette classe qu’on ne connaît pas assez est souvent calomniée même par certains personnages qui daignent, par une spéculation quelconque, descendre quelque fois jusqu’à elle. Aussi n’a-t-elle pas voulu laisser passer ce jour de plaisir sans exercer un acte de bienfaisance. Une jeune et jolie demoiselle, dont nous voudrions connaître le nom pour le livrer au public, accompagnée du vénérable de cette Loge, a fait une quête pour les pauvres avec une amabilité toute particulière. Le produit a été de 104 francs, qui sera versé aujourd’hui à la caisse du bureau de bienfaisance. Voilà un exemple à suivre, dont l’initiative appartient à nos ouvriers, et qui sera sans doute suivi par ce que nous appelons encore les hautes classes. Il y avait comme partout des tables de jeu, mais des mesures avaient été prises pour qu’il n’y eût rien de ruineux, et il a été sagement fermé avec le bal. La musique, tenue par nos artistes de la ville, était brillante, et elle a joué des quadrilles, et des valses d’un entrain magnifique. Après le bal, la pluie qui retenait le monde dans les salons, et qui semblait ne point mettre un terme à cette brillante fête, a procuré au service des rafraîchissements  qui, du reste, étaient excellents et servis avec une propreté remarquable, un grand nombre de visiteurs des deux sexes.»

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Revue maçonnique: journal consacré aux intérêts de la franc-maçonnerie, Lyon, 1851, t XIV, p.60-61.

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