Quelques régionalistes roussillonnais assistent à Barcelone aux fêtes données en mémoire du centenaire de la naissance de Frédéric Mistral, du 26 au 29 juin 1930.
Charles Grando représentant le Roussillon y côtoie le majorquin Joan Estelrich, homme politique important au sein de la Lliga Regionalista à Barcelone, qu’il persuade de venir à Perpignan.
Grando qui venait de créer quelques mois auparavant la Maintenance catalane du Félibrige, a envie de faire des Jeux floraux de 1930 un grand moment pancatalaniste. L’époque est marquée en Catalogne par la fin de la dictature de Primo de Rivera, et le retour du pouvoir monarchique.
Le consistoire des Jeux floraux désigne naturellement la Majorquine Ana March d’Estelrich, la femme de Joan, comme reine.
Elle revêtira « avec une élégance magnifique » le costume de Majorque. « Blonde, grande, élancée, elle a vraiment un port de reine. Une longue jupe en taffetas damassé bleu-pâle tombe en longs plis sur ses fines chevilles. Un corsage ajusté en velours noir, moule son buste et un large carré de soie brochée, délicatement posé en arrière sur sa tête, retombe sur ses épaules hiératiquement. A son poignet et sur sa poitrine brillent les purs grenats qui valurent à M. Charpentier, le bijoutier perpignanais bien connu, le premier prix à l’Exposition Internationale de Barcelone1. »
Les Reines ne porteront plus la coiffe. Tout au plus, cette tradition est saluée tel un doux souvenir, en 1937 par François Tresserre lorsqu’il fait l’historique des Jeux floraux : « Que de chemin parcouru depuis le clair après-midi où une jeune Reine coiffée du bonnet catalan souriait à nos débuts2. »
1L’Éveil catalan, 1930.
2L’Éveil catalan, 29 mai 1937.