UNIFORMES DE FUSILIER DE MONTAGNE DE LA PROVINCE DE ROUSSILLON

UNIFORMES DE FUSILIER DE MONTAGNE DE LA PROVINCE DE ROUSSILLON

VERS 1744

Nicolas L’Henaff

 

 

Brève histoire du corps : 

Le corps des fusiliers de montagne du Roussillon est un détachement de troupes légères levé sous Louis XIV le 23 février 1684, pour tenir la frontière orientale des Pyrénées. Leur origine reste assez vague, mais on peut l’associée à la levée de bandes armées lors de la guerre des Moissonneurs en 1640, sous le commandement de Miquelot de Prats1 contre le pouvoir castillan en Catalogne. Le rattachement des comtés de Roussillon et Cerdagne à la France en 1659 impose une défense de la frontière, à la fois en matière de fortification avec l’intervention de Vauban, mais aussi avec la levée de nouvelles troupes.

Trois grands corps sont levés dans la province : les milices bourgeoises de Perpignan, les milices garde-côtes ainsi que les fusiliers de montagne. Le corps des fusiliers de montagne mène des opérations de petite guerre sur la frontière occidentale des Pyrénées pour prévenir les incursions espagnoles, mais encore pour y maintenir l’ordre face à la contrebande.

Les fusiliers sont postés à des points stratégiques en Cerdagne, Vallespir et dans les Albères, notamment à Collioure et dans le prieuré désaffecté de Valbonne pour empêcher le passage des contrebandiers et trabucaires banyulencs.Outre les missions de protection de la frontière, les fusiliers du Roussillon sont envoyés dans les Cévennes en 1702 pour lutter contre la révolte des protestants Camisards, puis en Provence en 1720 pour former un cordon sanitaire et éviter la contagion de la peste de Marseille. Au terme de la guerre de Sept Ans, les fusiliers de montagne sont licenciés par ordonnance le 27 avril 1763 pour des raisons économiques, mais également politiques, le royaume d’Espagne étant allié au royaume de France.

L’uniforme

L’uniforme des fusiliers de montagne est définitivement fixé le 9 juin 1734 dans un mémoire 2 d’habillement dressant la liste des fournitures nécessaire à la confection des uniformes des arquebusiers ou fusiliers, des brigadiers, ainsi que des capitaines. La tenue, désormais réglementaire, mêle à la fois uniforme à la française et à la catalane pour les besoins du pays. Cet habillement comprenant un large justaucorps ou gambetó de drap de laine bleu de roi à parements et collet écarlate, doublé d’une serge de laine écarlate très fine et agrémenté de deux douzaines de gros boutons d’étain fin. La veste quant à elle, est de drap de laine écarlate doublée de toile grise fine avec trois douzaines de petits boutons d’étain et en suit une culotte simple de drap bleu.

Le nom de Miquelot de Prats aurait donné par la suite celui de miquelets pour désigner les mercenaires montagnards de cette partie des Pyrénées, en opposition aux angelets, miliciens révoltés contre le rétablissement de la gabelle en Roussillon en 1661.2 ADPO, 1 C 685, mémoire d’habillement reprenant la liste des fournitures ainsi que des échantillons de tissus d’offre de divers fournisseurs.

La tenue est complétée par une chemise à col droit et un caleçon de toile rousse de Lyon, d’une paire de bas en laine de Cerdagne, de deux paires d’espardenyes ou espadrilles de corde pour la montagne, lacées d’un ruban bleu, d’une paire de guêtres de toile, d’un tour de col. Le fusilier est également coiffé d’une résille traditionnelle des pays catalans pour maintenir ses cheveux, et d’un tricorne bordé d’un galon d’argent. Un bonnet de police à la dragonne est également porté pour le repos, associé à la barratina et appelé pakalem3, reprenant les distinctives de l’habit soit bleu et parement rouge, un galon de la même couleur que les boutons, ainsi qu’une fleur de lys d’or associée aux troupes de terres, en opposition à l’ancre de marine pour les garde-côtes, compagnies franches, ou la grenade des grenadiers.

 

Sources

Archives Départementales des Pyrénées-Orientales, 

1 C 686, ordonnance du roi du 12 février 1744 pour la levée de deux bataillons de fusiliers de montagne, destinés à aller rejoindre l’armée du prince de Conty. 
1 C 685, offres de divers négociants pour l’habillement des arquebusiers ou miquelets, avec
échantillons de draps de laine, datée entre 1733 et 1741.

Bibliothèque Nationale de France, 

LA RUE Philibert-Benoist de, Fusiliers de Montagne, 1747, estampe, 42 x 28 cm, Paris, Bibliothèque Nationale de France

Troupes du Roi, Infanterie française et étrangère, tome I, 1757,

Service Historique de la Défense, bibliothèque de l’inspection du génie

FOL°150, Mémoire sur l’origine des fusiliers de montagne, 1751, 49 p.

Bibliographie

MANSOU Paul, Une levée de Miquelets ou fusiliers de montagne en Roussillon (1744),
Perpignan, imprimerie J. Comet, 1910, 35 p.
MOUILLARD Lucien, Armée française : Les régiments sous Louis XV : Constitution de tous les corps de troupes à la solde de France pendant les guerres de succession à l’empire et de sept ans, Paris, Dumaine et Baudouin, 1882, 120 p.
PÉTARD Michel, « L’homme de 1751. Les compagnies franches de la Marine », dans
Gazette des uniformes, n°34 bimestriel novembre-décembre 1976, pp. 20-27

 WINDROW Martin, ROFFE Michael, « The Plates » dans Montacm’s amry, Oxford, Osprey Publishing
Limited, 1973, p. 34

PRACA Edwige, FONQUERNIE Laurent, La Fibre Catalane. Industrie et textile en
Roussillon au fil du temps. Catalogue d’expo, Perpignan, Association pour la Promotion de
l’Histoire dans les Pyrénées-Orientales, 2007, 121 p.

WINDROW Martin, ROFFE Michael, Montacm’s amry, Oxford, Osprey Publishing Limited,
1973, 40 p.

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