Cristina Toledo centre son attention sur des images de la vie quotidienne lui permettant de représenter des situations propres à la condition humaine. Avec cette série, elle choisit de s’intéresser à l’époque victorienne comme point de départ en se basant sur son imagerie puis en se focalisant sur l’univers des émotions ou, pour être plus précis, l’absence même de ces derniers : des femmes en deuils aux visages cachés pour telle ou telle raison et des scènes quotidiennes où l’identité des individus est relayée au second plan. Ces sujets sont finalement de simples excuses pour nous transporter vers un monde mystérieux et privé où les sentiments et les émotions sont inexistants, faussés par le simple fait de poser.
Widow. 2018, huile sur toile, 100x100cm.
Vanishing. 2018, huile sur toile, 195×114 cm.
Pour cela, l’artiste s’inspire de vieilles photographies étranges, bizarres ou simplement différentes à partir desquelles elle reproduit les mises en scène en exagérant les poses. Les modèles peints surjouent ainsi l’émotion, comprise dans ce cas de figure comme figée, comme séquestrée. Il est vrai que montrer la douleur est une démonstration émotionnelle, pourtant l’idée de vouloir la mettre en scène rend bien compte d’un état d’esprit, de certains us et coutumes prenant le dessus sur la représentation du réel. En agissant ainsi, nous montrons au reste de la société comment doit-on souffrir « correctement » ou comment doit-on faire face à certaines situations. Cette vision morale se consolide donc de façon non-officielle, dans l’état d’esprit général et nous finissons tous par appliquer ces valeurs en nous assurant que les autres les appliquent aussi.
Grief. 2018, huile sur toile, 195×130 cm
Pour revenir à la signification du mot « émotion », ce qui nous vient immédiatement à l’esprit sont : le plaisir et la souffrance. Pourtant, ici, aucun de ces deux aspects ne ressort chez les personnages de Cristina. Ce que l’on retient d’eux, au contraire, ce sont la retenue et la neutralité
Weeping. 2018, huile sur toile, 27×41 cm
Il se passe la même chose avec les portraits de dos, que l’on pourrait qualifier d’« anti portraits ». Traditionnellement, le portrait a pour but de capter l’âme du modèle grâce à la représentation des émotions qui l’habitent et donc des éléments qui constituent sa personnalité et sa psychologie. Pour ce qui est du portrait de dos, il sous-entend une annulation radicale de tout ce qui peut concerner l’émotion comme élément de communication avec les autres
Nuque. 2018, huile sur toile, 50×40 cm
Cristina Toledo s’intéresse depuis le début de sa carrière au rôle de la femme dans la société. Alors que ses anciennes séries orientaient leurs discours vers une critique du monde de la beauté, L’émotion séquestrée propose une ouverture indiscrète sur une époque victorienne révolue mais où l’essence du vivre ensemble en société continue d’être d’actualité, à savoir : montrer aux autres de quoi sommes-nous capables afin de pouvoir nous unir au groupe.
Cristina Toledo Bravo de Laguna est née en 1986 à Las Palmas de Grande Canarie. Diplômée de l’École des Beaux-Arts de la Complutense de Madrid en 2009, elle participe rapidement à des expositions collectives à la capitale tout comme aux Îles Canaries. Elle expose ensuite individuellement à Las Palmas (Club la Provincia), Las Rozas (Centre Culturel Pérez de la Riva), Valladolid (Galería Javier Silva) et Madrid (Vuela Pluma Éditions). Elle a récemment participé aux foires d’art MARTE (Castellón) et JustLX (Lisboa, Portugal). Ses œuvres font également partie des collections privées d’institutions telles que la Collection de la Fondation Gaceta (Salamanque) ou encore la Collection Miradas (Alicante). Enfin, Cristina Toledo a reçu de nombreux prix et distinctions entre 2011 et 2017, desquels le Premier Prix des Jeunes Peintres de la Fondation Gaceta. Grâce à ce prix, elle inaugura en 2018 l’exposition Une histoire victorienne au centre d’art contemporain DA2 de Salamanque. Depuis, la Galería Tournemire lui consacre sa première importante exposition individuelle à Madrid.
Prix
2017 Premier Prix des Jeunes Peintres de la Fondation Gaceta, Salamanque
2016 Prix Miradas, Fondation Jorge Alió, Alicante
2013 Premier prix de peinture Mardel, Calpe
Expositions individuelles
2018 Une histoire victorienne, DA2 (DOMUS ARTIUM 2002), Salamanque
2017 Sacrifice, Galería Javier Silva, Valladolid
2016 Nouveau Monde, Vuela Pluma Ediciones, Madrid
2015 Un acte de foi, Galería Javier Silva, Valladolid
2014 Un champ de bataille, Centro Cultural Pérez de la Riva, Las Rozas
2012 Analogies, Club La Provincia, Las Palmas de Grande Canarie
Expositions collectives et foires d’Art
2018
– MARTE Foire d’art Contemporain, Stand de la galerie Pep Llabrés, Castellón
– Peinture Peinture, ABM Confecciones, Madrid
– JustLX Lisboa Contemporary Art Fair, Stand de la galerie Pep Llabrés, Lisboa, Portugal
2017
– Espacio CV, CAAM, Las Palmas de Grande Canarie
– +Artistas post-conceptuels aux Canaries 2000–2017, San Martín Culture Contemporain, Las Palmas de Grande Canarie
2016
– Le corps comme mesure, Université Rey Juan Carlos, Madrid
– Concoiurs Miradas, Fondation Jorge Alió. Lonja del Pescado, Alicante
2015
-Tolstoi Vuela Pluma Éditions, Madrid
2014
– 7x114x146, Galería Liebre. Madrid
2013
– Versos, Galería Manuel Ojeda. Las Palmas de Grande Canarie
Exposition du 7 février au 13 avril 2019
Galería Tournemire
Plaza de las Salesas, 2. 28004 Madrid