Offrir ses bijoux: la cause religieuse

Le tableau conservé à Villefranche de Conflent et représentant sainte Madeleine nous interroge sur la place qu’ont pu tenir les bijoux dans la religion catholique, majoritaire en Europe occidentale durant des siècles et intimement liée à la culture catalane. L’aspect cultuel des bijoux apportés en offrande, preuve de la puissance d’exaucement des vœux, donne la réponse à leur présence ostentatoire sur les statues dès les premiers siècles de la chrétienté avec les offrandes des empereurs Constantin et Théodose.

Le tableau de Villefranche de Conflent représente une scène d’extase de sainte Madeleine et expose deux moments majeurs de sa conversion : en premier plan la sainte représentée en femme du monde commence à déposer ses bijoux dans un coffret; en second plan, elle est couchée devant la grotte de la Sainte Baume en Provence, lieu où elle vécut en ermite.

La courtisane Madeleine donne une image charnelle et sensuelle de la femme de haut rang, qui d’une volonté toute réfléchie se tourne vers Dieu et se détache du monde terrestre. Ce détachement est symbolisé par l’enlèvement des parures que représentent ses bijoux. Nombreux et de taille imposante, ils symbolisent la richesse mais aussi la luxure avec l’évocation d’une pécheresse dont les joyaux proviennent de son commerce.
Grâce à ce tableau, nous constatons que l’offrande de bijoux a des origines lointaines dans l’histoire des religions . Plus près de nous, les ordres mendiants au XIIIe siècle puis la Contre-Réforme à la fin du XVIe siècle mettent de nouveau l’accent sur la conversion par le dénuement. Cette représentation d’un exemple de sainteté est explicitement une incitation au don à l’Eglise de richesses dans un but de renoncement, d’aumône et de remerciement.

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