Intérieur de l’atelier d’Antoine Gouzy à Perpignan en 1710

Un acte notarié conservé aux Archives Départementales des Pyrénées-Orientales permet de voir très précisément un atelier d’orfèvre bijoutier sous l’Ancien Régime.

Nous sommes chez l’orfèvre Antoine Gouzy le 23 janvier 1710, place dels Corts à Perpignan.

 Dans la boutique de la dite maison :

 2 tabourets de paille usés, 2 troncs ou tours pour tenir les enclumes, l’une grande l’autre médiocre,

Item une enclume et un tast, 18 marteaux entre grands, médiocres et petits,

2 estampes de fer à cueilleres, une grande et l’autre petite,

4 boules, un petit tast à cuillères, 2 petits enclumeaux,

Une filière à tirer les moulures, 5 filières, 3 petits outils à nœud,

5 bigornes une desquelles est cassée, 3 paires de tenailles,

2 bouilloirs l’un assez bon l’autre hors service,

un banc à tirer avec sa sangle et tenaille, une tenaille à tirer,

Item le soufflet à forge, 3 ciseaux un des quels est hors de service,

2 estocs à main, une paire de moulets ou mouchettes pour la forge,

2 fers à fondre un petit l’autre grand,

Item une cage à mettre à la fenêtre de la boutique, 2 balances une grande l’autre petite,

Un poid pesant huit marcs, 2 tuilles de fer pour jeter l’argent fondu,

Une lingotière de fer, 5 petites tenailles, un petit mortier de cuivre avec son pilon,

Un trébuchet, un establi à trois places, 2 triboulets de bois,

2 petits tas à frapper des moulures,

Item un comptoir bois de sapin, 6 estampes de fer pour faire des boutons,

36 limes entre grandes médiocres et petites,

Item une pierre piquée carrée avec son pied

Item une petite boite dans laquelle sont différents modèles propres au maître d’orfèvrerie,

Item un petit soufflet Item un petit tamis.

 

             Comme nous le voyons chez tous les artisans qui, aujourd’hui, fabriquent à la vue des clients, beaucoup de similitudes existent entre un atelier du XVIIIe siècle et l’atelier du fabricant actuel de bijoux en Grenat de Perpignan.

Les seules différences sont la disparition de la forge qui occupait une partie de l’atelier et qui fut remplacée au XIXe siècle par les lampes à alcool puis par le chalumeau à gaz. Disparus aussi les moules servant aux pièces d’orfèvrerie fabriquées sur place comme les chandeliers, salières, couverts, mouchettes et porte-mouchettes.

La fabrication de la vaisselle et des autres pièces d’orfèvrerie s’interrompt à la fin de la première moitié du XIXe siècle. Avec la naissance des grandes maisons d’orfèvrerie, les articles de série proposés à la revente dans les boutiques de Perpignan favorisent l’abandon de la production locale, abandon provoqué aussi par la généralisation du métal argenté.

Source : ADPO, 3E6/67

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