La garde robe d’une famille d’émigrés pendant la Révolution Française en 1794.

Ce document a été rédigé lors d’une période troublée de l’histoire du Roussillon. En effet, les membres de l’administration révolutionnaire sont appelés afin de faire l’inventaire d’un appartement vide de ses habitants, la famille Debouches composée du père de famille, commandant de la place du Soler, et de ses deux filles. Ce militaire proche du pouvoir royaliste a surement rejoint, comme tant d’autres, la Catalogne frontalière afin d’éviter de probables ennuis. Ainsi l’inventaire ne contient évidemment que le surplus de vêtements, donc ni les habits emportés sur eux par le père et ses deux filles, ni un quelconque bijou, moyen de subsister dans les périodes difficiles. Nous remarquerons la présence des habits de commandants, abandonnés là car ils auraient risqué de faire échouer la fuite.

Le restant des habits et textiles trouvés sur place font une grande part à la fois aux productions de laine (flanelle, laine blanche…), de soie (soie cramoisie, soie jaune) et de coton à la fois à motifs tissés (cotonnades flammées) et à motifs imprimés (indiennes). L’habillement féminin est intéressant à plus d’un titre puisque l’on retrouve l’ensemble des pièces du costume populaire : coiffes, serre-têtes, bas, jupons piqués (cotillons), corsets, tabliers, chemise.

On notera aussi la place du travail à domicile de petites productions textiles comme le filage, la dentelle, la broderie et bien sûr la piqûre ou matelassage qui, bien que ce fût la production phare de Marseille, était une pratique courante dans de nombreux autres territoires.

“Inventaire des effets qui se sont trouvés dans la maison curiale du Soler, aux appartements ou logeaient les citoyens dénommés Debouches, père et ses deux filles, commence le 4e ventôse de la 2eme année de la République conformément à la réquisition qui a été faire par les citoyens G. Triquera, R. Morat, membres du district de Perpignan : dans une garde robe de couleur gris y avons trouvé 51 chemises de femmes, deux courtinages de lit complet cotonnade flammé, quatre rideaux cotonnade flammées de fenêtre, cinq rideaux de fenêtre blancs, deux rideaux d’indiennes rouges, un habit d’homme…., deux habits bleus de commandant de place galonnés avec boutonnières d’or, deux vestes rouges l’une galonnée l’autre sans galons, une veste en flanelle, deux vestes blanches, deux paires de culottes bleues, un devant de veste brodé, deux  couvertes de lit blanches  de filadis ou coton, une couverte de lit verte, une couverte de lit de fil ou treillis, un gros rideau de toile grossière, un étui avec deux perruques dedans, une couverture en cotonnade flammée, douze chemises d’homme, un manteau bleu, une robe de chambre en flanelle, un petit rideau blanc, trois cotillons d’indienne, cinq cotillons blancs, un cotillon de soie mêlée, un casaquin de soie jaune, un corset bleu, une robe de chambre de femme en soie jaune, une robe de chambre de femme en soie cramoisie brodée coupée en deux morceaux, deux tabliers rouges en indienne, cinq casaquins en indienne, treize corsets blancs de femme, cinq paires de poches en cotonnades, deux jupes en indiennes (rajoutées à l’inventaire), sept paires de bas de femmes blancs, deux paires de bas blancs d’homme, dix coiffes de femmes dans un panier avec treize patrons à broder, cinq serre-tête de femmes, une paire de sabots de femme, deux paquets de chiffons avec deux paires de caleçons dedans , trois paires de souliers de femmes d’étoffe mauvais, une bourse garnie de fuseaux à faire les dentelles, deux quenouille avec leur fuseau et aspi, six tour de cols blancs, deux coussins à faire les dentelles, un métier pour piquer les étoffes en bois, un autre métier à broder en bois, un jeu à jouer aux dés dit jacquet, une boite en fer blanc avec des fers à friser, une bonnette de laine blanche, deux chapeaux de paille noirs”.

Jupe en indienne dite imprimé ramoneur ou bonnes herbes.

Jupe en indienne dite imprimé ramoneur ou bonnes herbes.

document disponible aux Archives Départementales des P.O., 1Qp 459.

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