Chanson pour le passage de la duchesse de Berry à Perpignan, 1829.

Couplets sur tissus 1929; Imprimerie Tastu, Perpignan.

Couplets sur tissus 1929; Imprimerie Tastu, Perpignan.

 

Qui est la duchesse de Berry?

Deuxième fils du comte d’Artois (futur Charles X) et de Marie-Thérèse de Savoie,
Charles-Ferdinand, duc de Berry (1778-1820) émigra dès les débuts de la Révolution, servit dans l’armée de Condé (1792), puis passa en Angleterre où il épousa Anne Brown, dont il eut deux filles. De retour en France au moment de la Première Restauration, il suivit son oncle Louis XVIII à Gand pendant les Cent-Jours. Son premier mariage n’ayant pas été reconnu par sa famille, il épousa, en 1816, la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870), dont il eut une fille, Louise, et un fils posthume, Henri, duc de Bordeaux, puis comte de Chambord.

Le 13 Février 1820, le duc de Berry est poignardé par Louis-Pierre Louvel, bonapartiste isolé et fanatique. Marie-Caroline, veuve, s’engage alors dans un combat politique afin de faire reconnaître la légitimité de son fils, connu sous le nom d’Henri V.

Passage des altesses en Roussillon :

En 1829, depuis Grenoble jusqu’à Perpignan, le roi et la reine de Naples, dites “leurs majestés siciliennes” rencontrèrent partout le même enthousiasme. Le roi et la reine de Naples , la duchesse de Berry et la future reine d’Espagne voyageaient ensemble dans une calèche découverte. Il s’agit d’un fort élan légitimiste en faveur des Bourbons.

Les altesses arrivèrent le 10 novembre 1829 à Perpignan. Des danses furent exécutées en l’honneur de tant de “majestés” réunies. P.Battle créa une chanson, imprimée sur soie par Antoinette Tastu.

Voilà un très joli portrait de la reine de Naples et des Deux Siciles, Marie Charlotte de Bourbon (1804-1844) et un autre de son mari, François de Paule de Bourbon (1794-1865), présents autour de Marie Christine de Bourbon, future épouse de Fernando VII roi d’Espagne, qu’elle allait épouser le 11 décembre 1829.

Luisa Carlota di Borbone, Principessa delle Due Sicilie

Luisa Carlota di Borbone, Principessa delle Due Sicilie

La duchesse de Berry et ses enfants suivirent Charles X en exil après l’avènement de Louis-Philippe Ier en 1830. Opposée farouchement à la monarchie de Juillet, elle fomentera un soulèvement politique afin de mettre son fils sur le trône.

Hormis l’achat de bijoux lors de son passage à Perpignan, on verra ensuite la duchesse de Berry, « frêle et petite, mais d’une endurance étonnante », élaborer une vaste conspiration qui devrait permettre à son enfant de régner malgré tout. En 1832, elle est bannie de France, réfugiée alors en Ecosse. Dans cette affaire apparait la légende d’une mystérieuse cassette d’or et de bijoux lestée en pleine méditerranée. 

Après avoir traversé la Hollande, l’Allemagne, le Tyrol, Milan, Gênes, Rome, elle s’arrête quelques temps à Naples, à Modène et Massa et captive le cœur des marins génois qui l’admirent comme une madone. Elle contacte Mr. De Ferrari, de l’une des plus puissantes familles de Gènes, propriétaire et armateur d’un navire à vapeur : le «Carlo Alberto» qui le met à la disposition de la duchesse pour son expédition hasardeuse. Le 24 avril 1832, le départ de Livourne a lieu à onze heures du soir et la duchesse s’embarque avec une poignée de fidèles. Elle était déguisée en bourgeois et était accompagnée du Maréchal de Bourmont. 

Fin avril, le vapeur aborde les côtes provençales. La duchesse devait débarquer à La Ciotat le 3 Mai suivant, mais, auparavant, prévenue par des amis que la police la traque, elle débarque en fait à l’aube du 29 avril 1832, sur une plage déserte de Marseille, à Séon-St-Henri. Le «Carlo Alberto» retourne ensuite en rade de La Ciotat, le 3 mai 1832, en plein jour, afin de donner le change et de permettre à la duchesse de fuir. A cette époque, l’arrivée d’un navire à vapeur à La Ciotat était un événement ! Quand celui-ci apparut, toute la population se porta à la Tasse pour le voir et il fut bientôt entouré d’un grand nombre de barques de pêche. Deux personnes (un homme et une femme déguisée) débarquèrent alors dans la barque d’un pêcheur et, pendant le transport, un objet fut ostensiblement jeté à la mer…

 C’est à partir de cette trame historique que la légende va s’échafauder et ainsi, pendant des années après ce 3 mai 1832, le golfe va être exploré en tout sens au moyen de filets traînants par des pêcheurs crédules qui cherchèrent « le trésor de la Duchesse », la fameuse « cassette pleine de pièces d’or », qu’elle aurait, prétend-on, jeté précipitamment à la mer en s’embarquant près de l’île Verte dans une barque à voile pour se soustraire au bâtiment de guerre: “le Sphinx”, qui lui donnait la chasse….

La duchesse de Berry débarquant à Marseille.

La duchesse de Berry débarquant à Marseille.

 

Plus sérieusement, il serait intéressant de connaître les goûts et dépenses de la duchesse en matière de bijoux. On est frappé lorsque l’on étudie ses dépenses de voir le « néo-classicisme » voisiner sans encombre avec les styles troubadour et néo-gothique, les arts plastiques avec les arts décoratifs, les grands artistes avec d’autres plus méconnus.

Voir pour cela aux Archives nationales le dossier 371 AP/7 ;Factures et mémoires, 1816-1830 : Bijoutiers, joailliers, orfèvres, tabletiers, couteliers, marchands de cadeaux. 1817-1828.

Mouchoir imprimé des partisans d'Henri V, Musée château de Chambord.

Mouchoir imprimé des partisans d’Henri V, Musée château de Chambord.

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