Les danses roussillonnaises

Bal roussillonnais sous les platanes, vers 1833, A.Bayot, Médiathèque de Perpignan.

Bal roussillonnais sous les platanes, vers 1833, A.Bayot, Médiathèque de Perpignan.

Les Baillas (els Baills) : Ce sont les danses en usage en Roussillon et principalement à Perpignan, ou elles ont lieu à des époques fixes dans chaque quartier. Alors on établis une sorte de foire dans le voisinage de l’église, et l’on construit une vaste tente, décorée de guirlandes et garnie de bancs, dans l’intérieur de laquelle le Ball se donne. Les ordonnateurs de la fête ont pris soin de se rendre avec leur musique chez toutes les personnes aisées du quartier, dont l’offrande leur sert à payer les frais de cette fête  Le corps de musiciens, qu’on appelle les joutglars, est ordinairement composé de cinq à six hautbois, parmi lesquels il y a le prime et le tenor, puis d’un galoubet et d’un tambourin. Ces deux derniers instruments sont joués par le même homme qui tient le premier de la main gauche et frappe le second de la droite.

danse roussillonnaise

danse roussillonnaise

Chaque danseur paie tant par chaque ball qu’il danse, et l’on admet à la fois autant que l’intérieur de la tente peut en contenir, et leur laisser assez d’espace pour exécuter leurs figures, mais il y a tel ou tel amateur qui, par galanterie pour une dame ou par vanité personnelle, réclame de danser seul avec sa danseuse, et alors il s’établis une sorte d’enchère qui porte souvent au prix de 150 ou 200 francs, le plaisir de fixer sur soi, pendant un quart d’heure, ou vingt minutes ou plus, tous les regards de l’assemblée.

Les jeunes gens des meilleures familles, et même quelque fois les les dames de la société, figurent dans cette danse : les premiers en veste et en bonnet catalan, les seconds en grisettes du pays. Le ball est une danse extrêmement gracieuse, qu’il faut voir pour la bien juger, qu’il est difficile de décrire, et qui n’est exécutée, avec perfection, que par les gens du peuple, surtout les femmes qui y déploient une légèreté et une désinvolture ravissantes.

Le saut roussillonnais

Le saut roussillonnais

Les cavaliers font d’abord quelques pas en avant avec leurs danseuses, puis, se tournant subitement face à face, la dame se recule en décrivant une sorte de cercle, et le cavalier la suit en formant quelques pas, et en s’accompagnant des castagnettes, s’il est danseur par excellence. Dans le nombre de pas qu’il exécute, il en est un fort singulier, qu’on appelle la camarodona, et qui réclame autant d’adresse que de légèreté  puisqu’il ne s’agit pas moins de passer le pied droit par dessus la tête de la danseuse.

Celle-ci au bout de quelques instants, poursuit son cavalier qui recule à son tour, et l’un et l’autre changent deux ou trois fois de danseur ou de danseuse; puis deux ou plusieurs couples se réunissent, forment un cercle. Les danseuses placent à droite et à gauche la main sur l’épaule des cavaliers, s’élèvent en l’air, et ces cavaliers, les jarrets tendus, la poitrine en avant, et les bras soulevés, les soutiennent de leurs mains, placées sous les aisselles.

Tous restent dans cette position pendant un point d’orgue des musiciens, et comme les têtes des danseuses se trouvent rapprochées, les unes des autres, presque toujours quand ces danseuses se connaissent, elles s’embrassent avant d’être déposées à terre. Lorsque ceci a lieu, elles répètent la même figure qui se reproduit tant que dure chaque ball. En outre de la camarodona, il y a un autre saut qui demande de la part du cavalier, la même adresse et quelque force.

La danseuse s’avance vers lui, elle place la main gauche dans la droite, qu’il lui tends, un triple élan est alors donné avec ces deux mains réunies, et la danseuse raidissant le bras gauche et s’appuyant de la droite sur l’épaule de son danseur, s’élance pendant que celui-ci la soulève et l’assied sur sa main. Avant de la remettre à terre, il fait deux ou trois pirouettes en la tenant ainsi.

Le saut Roussillonnais à quatre

Le saut Roussillonnais à quatre

Nore, (A. de), Coutumes, mythes et traditions des provinces de France, Paris, 1846.

Ce contenu a été publié dans Restauration. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *