La fète de la Nativité à Consolation

Ermitage de Consolation

Ermitage de Consolation

« Dès que nous eûmes terminé le dessin de Port-Vendres, nous revînmes à Collioure pour nous trouver le lendemain de bonne heure à l’ermitage Notre-Dame de Consolation. Nous allions jouir encore une fois du spectacle original et charmant de la danse catalane à l’occasion de la fête de la nativité de la Vierge, célébrée depuis deux jours, par les habitants de la ville et des environs, mais plus particulièrement chômée ce jour là, et rendue plus pompeuse par l’affluence des étrangers. …/…Pendant que nous parcourions le sentier, tracé sur la pente orientale de la montagne et au milieu de ces vignobles dont la couleur lassait nos regards par son uniformité continue, nous nous retournions à tout instant, et la vaste étendue de la mer, la vue du clocher de l’église saint-Vincent, le coup d’œil des maison de Collioure groupées pittoresquement sous la forme pyramidale, et l’aspect du fort qui les couronne de ses vieux bastions, nous faisaient oublier la fatigue de la route et la triste monotonie de ces pampres toujours verts. D’ailleurs,  les scènes mouvantes et animées des diverses bandes qui nous précédaient ou nous suivaient à la file, ne pouvaient laisser la moindre place à l’ennui. C’étaient des cultivateurs aisés ou de riches fermiers qui, à la tête de leurs nombreuses familles, s’avançaient accompagnés de leurs domestiques, chargés des provisions. C’étaient des pécheurs accourus des baies si multipliées dont la cote est découpée depuis le Cap Béar, jusqu’au Cap Pineda en Espagne, et qui, alertes et joyeux, accouraient d’un pas rapide, en apportant dans des paniers les mets qu’ils allaient mettre en commun et partager entre eux : c’était le mélange de personnes de tout âge, de tout sexe et de toutes conditions, pressés d’arriver afin de louer l’une des cuisines que l’on peut louer sur le lieu, pour préparer à l’estuffat les viandes qu’ils avaient apportées avec eux. Plusieurs Espagnols se trouvaient mêlés dans cette foule de pèlerins et de curieux. Nous les reconnaissions au large chapeau qui couvrait leur tête, où à la résille noire dont leurs cheveux étaient enveloppés. Ils avaient des vestes de drap écarlate doublées de velours noir, et ornées de la même étoffe aux coudes, à l’avant bras, aux poches et au collet. Le reste de leur costume était semblable à celui des habitants de la côte du département. Plusieurs de ces étrangers ne se faisaient même remarquer que par leur manteau ployé et négligemment jeté sur l’épaule. Un grand nombre d’individus de la classe du peuple des communes voisines, formaient de groupes en repos le long des sinuosités du chemin que nous suivions, et sur les bords du ruisseau entretenu par les divers filets d’eau qui s’écoulent des hauteurs environnantes. Ils se distinguaient par leurs longs bonnets écarlates retombant sur leurs épaules, par la ceinture de la même couleur, le pantalon et la veste de velours, et par leurs chaussures appelées espardenyas et qui ressemblent assez aux espadrilles des habitants des Pyrénées centrales. En arrivant sur la terrasse où nous apercevons tout d’un coup et pour la première fois l’Ermitage, nous trouvons des groupes encore plus nombreux, assis sur les cotés et au dessous des beaux ormes dont il est entouré. »

 



Melling, (M.), Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises et les départements adjacents ou collection de 72 gravures représentant les sites, les monuments etc., avec un texte par Cervini de Macerata, (J.A.), 1826-1830.

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