Remplacement des bijoux après la Révolution Française dans les églises du diocèse de Perpignan

Les bijoux comme les couronnes et auréoles ornant les statues des retables baroques datent, pour la plupart, de la première moitié du XIXe siècle, car les anciens ornements ont été quasiment tous fondus à la Révolution française. Ainsi, l’auréole de saint François de Paule du retable de la cathédrale de Perpignan offerte « par Eulalie Raymond, Veuve Anglada, le 13 aoust 1838 » remplace celle qui existait auparavant, réquisitionnée et détruite lors du transfert du retable à la fermeture du couvent des Minimes en 1791. L’auréole porte le poinçon de l’orfèvre Alexis Lacoste. Toute une étude reste à mener en ce domaine.

Du XIXe au XXe siècle, la reprise en mains religieuse est patente et s’exprime tant dans les actions des particuliers que dans la poussée de la production bijoutière. Toutes les périodes historiques sont en effet marquées d’un sceau particulier, et reflètent une pratique déterminée.

Ainsi par exemple, sous le Second empire, la religion se teinte de pudicité : à cette époque une broche en grenat retenait le périzonium du Christ de l’église de Pia. Elle avait été offerte par la famille Carrière en 1864 pour réparer l’outrage commis par des jeunes du village sur un crucifix de leur chambre d’hôtel. Cette broche a malheureusement disparu.

Les orfèvres-bijoutiers eux-mêmes expriment leur foi. Sous l’Ancien régime, ils avaient fabriqué de nombreuses productions pour le domaine religieux car ce secteur représentait une grande partie de leur clientèle. Au XIXe siècle, l’Eglise locale reste encore un client essentiel, avec les fortes périodes de la Restauration, du Second empire et enfin de l’épiscopat de l’évêque de Carsalade du Pont (1902-1932).

Ainsi peut-on citer l’exemple de Jean Velzy (1882-1944), qui en s’associant avec la pharmacie Laffont (pharmacie Notre Dame)  édite un livret contenant un cantique de procession en catalan intitulé : « Relacio historica y moral de la Sagrada Passio de Jesu-Christ Nostre Senyor », autrement dit : « Relation historique et morale de la Passion sacrée de notre Seigneur Jésus Christ ». Sur la quatrième de couverture, la maison Velzy fait sa publicité : « La maison la mieux assortie et vendant le meilleur marché, bagues de fiançailles, parures de mariages, articles pour cadeaux, horlogerie de précision, orfèvrerie d’église, calices, ciboires, ostensoirs, etc… ». La dernière phrase écrite en petits caractères souligne l’accueil privilégié fait au clergé : « Prix spéciaux pour MM. les Curés ».

Les bijoutiers avaient en effet souvent des relations amicales, familiales autant que commerciales avec le clergé. L’orfèvre Paul Soulié a eu deux fils prêtres, à savoir Maurice, fils cadet (1880-1914), et Victor (1879-1946), fils aîné pour lequel il réalisa un magnifique calice orné de grenats.

Pour leur part, Jacques Velzy (1908-1984) et son père Jean recevaient chez eux l’évêque Jules de Carsalade du Pont ainsi que les prêtres enseignants de Saint Louis de Gonzague, institution dont Jacques Velzy a présidé l’association des anciens élèves.

La famille Charpentier avait, quant à elle, l’honneur d’occuper et de s’occuper d’une des chapelles de la cathédrale, celle de sainte Marguerite. Mme Charpentier qui n’aimait pas la foule suivait la messe, avec ses filles, depuis un banc installé dans la chapelle. C’était à la fin des années 1930….

Enfin, en sa qualité de chasseur, Jean Velzy (1882-1944) participait de près à la messe de la saint Hubert à la cathédrale, messe à laquelle étaient bénits les chiens de chasse. Ils étaient gardés au fond de l’église.

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