la médaille de Louis XIV

Parer de bijoux précieux les statues de la Vierge est une pratique est très ancienne en Roussillon. Nous avons un exemple lors du procès qui eu lieu entre les religieux du couvent des Carmes de Perpignan et le noble Joseph de Çagarriga vers 1740. L’objet principal du litige était une médaille que Louis XIV avait offert à Don François de Blanes, premier consul de la ville de Perpignan, lorsqu’il alla chercher en délégation le monarque à Montpellier en 1660. Cette médaille « à la première face de laquelle est l’effigie du roi Louis XIV et l’autre face le soleil à son zénith » avait été léguée selon le dire des religieux par son fils Gaspar de Blanes afin d’orner la statue de Notre Dame du Mont Carmel, statue du retable de l’église de ce couvent.
Pourtant la médaille échue par héritage à Joseph de Çagarriga en indivision avec sa sœur avant que la donation ait pu se concrétiser. L’affaire fut alors présentée devant le tribunal épiscopal. Joseph de Çagarriga est prêt à donner la moitié de la chaîne.

L’évêque répondit d’une manière pragmatique que : « la moitié de la chaîne qu’on pourrait demander à la rigueur ne serait pas d’un grand ornement à la sainte Vierge, que les fidèles ne s’apercevraient presque pas de cet ornement, que la moitié de cette chaîne pourrait facilement être volée ou vendue comme on a fait par le passé, et enfin qu’on devrait toujours appliquer la valeur de l’autre moitié de cette chaîne à quelque autre usage concernant les ornements de la Vierge ou de sa chapelle. Ne vaudrait-il pas mieux qu’il fasse la commutation de la valeur de toute la chaîne qu’on emploiera à quelque chose de permanent qui ne sera par conséquent point sujet à autant de vicissitudes ? » Un don de la valeur de ce bijou permit de clore le débat.

La chaîne et la médaille de Louis XIV resteront dès lors dans le domaine privé jusqu’au retour d’émigration d’Augustin de Çagarriga qui la vendit bien en dessous de sa valeur le 25 mai 1803 à l’orfèvre perpignanais Pierre Hugot pour la somme néanmoins importante de 1222 livres 10 sols .

Un portrait d’Anton GUERRA conservé au Musée Rigaud de Perpignan montre une médaille similaire. 

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