Du costume au bijou: la Maille dans l’identité de Perpignan (1)

A la maison, les femmes et quelquefois les hommes tricotaient des bas, notamment en Cerdagne. Ces productions étaient rachetées par des marchands qui les revendaient ensuite en gros pour des marchés parfois lointains. C’est ce qui a fait le succès des guinguettes d’Hix (Bourg-Madame), entrepôts ou transitaient entre France et Espagne toute sorte de marchandises, notamment textiles.  

 « Un genre d’industrie fort important se fait remarquer dans les montagnes du Roussillon, il consiste dans la fabrication des bas de laine à l’aiguille. Les tricoteuses du Capcir et de la Cerdagne sont si nombreuses et si habiles, qu’il est peu de pays en France ou leurs ouvrages ne soient pas vendus par les colporteurs. » rapport d’intendant.

 Cette production de bonneterie est ancienne puisque dès 1703, des fabricants d’Hix et d’Angoustrine, vendaient à Perpignan des « bas naturels de la Cerdagne française et auraient présenté requête afin de s’agréger au corps des marchands lingers de cette ville. »

 Les fabricants, Bernard et Guillem Bizes et Bernard Saboya, faiseurs et négociants de bas de jambe auront gain de cause auprès des consuls de Perpignan. Les bas font partie intégrante du costume traditionnel, en fil, coton, où en soie de différentes couleurs. Ainsi en 1786, la veuve de Théodore Campos d’Arles possède une paire de bas de soie rose avec le coin de soie verte.

 Après la Révolution Française, les bas seront plutôt réservés aux femmes.

 « Leur jupe courte à plis amples et multipliés laisse voir des bas de couleur soigneusement tirés. » Hugo,1833.

 Ces productions sont faites à la maison mais en très grande quantité, ce qui génère un commerce important. En 1814, le rapport annuel du département précise : « ceux de la Cerdagne vont dans toute la France vendre l’automne l’immense quantité de bas fabriqués et tricotés par eux pendant la durée de l’hiver précédent. »

 En 1853 on note alors que : « le tissage des bas en Cerdagne a conservé son activité ordinaire. La contrebande pour ces marchandises s’observe, mais elle a été réprimée avec succès : la plupart des porteurs ont été arrêtés. »

 En Cerdagne, jusqu’au début du XXe s. : « l’industrie des bas occupe pendant l’hiver grand nombre de femmes et de jeunes filles. Des métiers ont été installés mais n’ont pas diminué les productions manuelles. On n’emploie que la laine filée du pays. Le commerce de ces bas est considérable où ils sont exportés en Espagne, Provence et sur la riviera de Gènes. »

 La bonneterie forme donc un pan méconnu de l’industrie textile en Roussillon et Cerdagne. La maille constitue même un élément du patrimoine culturel créatif du département des Pyrénées-Orientales.

Au XXe s. Perpignan devient à son tour un centre de production très actif.

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