Les enjeux d’un nouveau tourisme culturel pour le Grenat

La présente réflexion porte sur l’intérêt croissant que portent les touristes français et étrangers qui visitent le Roussillon par rapport au patrimoine et aux produits purement locaux.

La logique d’apports réciproques entre le tourisme et les métiers d’art est riche de perspectives pour notre territoire, il est pourtant un secteur laissé jusqu’alors en friche, tel celui de la bijouterie artisanale du Grenat taille Perpignan.

Nul ne pourrait démentir au combien le tourisme est important pour l’économie des Pyrénées-Orientales, et en particulier pour l’emploi. Pourtant, derrière ces statistiques globalement de moins en moins satisfaisantes, se dissimulent une réalité qui doit susciter notre réflexion. Les Pyrénées-Orientales ne parviennent pas à tirer tout le parti économique qu’on serait en droit d’attendre du leadership de la France en matière de tourisme culturel de haute qualité.

Pour répondre à ce problème, il paraît ainsi indispensable de mieux définir le contenu de notre offre touristique et de favoriser une politique attractive de produits qui, à la fois, réponde à la demande des touristes, mais aussi la suscite, dans une perspective de valorisation de nos atouts.

D’une part, les 110 entreprises artisanales concernées par le métier de bijouterie sur le département des Pyrénées-Orientales sont présentes dans tout le maillage départemental, en milieu rural comme en milieu urbain : s’appuyer sur cette centaine de professionnels peut permettre de créer un réseau équilibré dans le cadre d’une politique volontariste de production tirant vers le beau et l’authentique, un élément parmi d’autres d’aménagement du territoire.

D’autre part, Le métier d’artisan bijoutier travaillant le grenat ( ils ne sont plus qu’une dizaine sur les 110, les autres travaillent d’autres métaux ou revendent seulement les bijoux en grenats) est représentatif de notre culture séculaire, de notre savoir-faire traditionnel, mais aussi de son adaptation continue à la modernité.

En outre, ces artisans bijoutiers du grenat valorisent par la beauté et l’originalité territoriale des objets qu’ils créent, le patrimoine mobilier et la culture catalane d’une manière générale, patrimoine et culture qu’ils contribuent à entretenir et à préserver.

Or, à une époque où la standardisation se développe, où les repères culturels s’estompent, où le temps s’accélère, on constate un regain d’intérêt très net et très profond des individus pour leurs racines, pour la compréhension de leur environnement, ainsi que pour les non résidents (les touristes) pour la singularité des régions françaises en tant que diversité culturelle. Toutes ces valeurs se concentrent précisément dans le métier de bijoutier traditionnel, qui sait si subtilement associer les traditions héritées du passé et les techniques du présent au service de la création et parfois aussi de la restauration de pièces anciennes.

A cet égard, il convient de considérer comme un projet nécessaire la mise en place d’une Maison du Grenat visant à la revalorisation de cette intéressante production artisanale de bijoux en or et grenats. Pour l’instant seule une entreprise privée existe en ce domaine à Prades mais cet établissement ne réponds pas à un projet qui viserait à pérenniser et fortifier le geste ancestral de la bijouterie catalane.

Cette richesse culturelle de l’artisanat du bijou traditionnel ( les autres régions en France ont depuis longtemps laissé mourir leurs propre bijouterie traditionnelle au profit des bijoux moulés, perdant à jamais un tour de main et une technicité acquise depuis plusieurs siècles) est un atout dont nous devons nous saisir, au plan local comme à l’échelon national, afin de constituer un premier jalon de la récupération du savoir-faire ancestral des artisans bijoutiers en général. En la matière, il y a en effet urgence !!

Ainsi, ce savoir-faire, qui répond parfaitement aux attentes et recherches de nos contemporains, constituent un gisement certain de valorisation du tourisme, pour peu que l’on favorise et organise leur présence dans le domaine touristique. Toutefois, afin d’éviter toute folklorisation, il convient de mettre en place avec le concours de l’Université un groupe de recherches afin d’accélérer la récupération de ce savoir-faire, premier jalon à une labellisation culturelle. Dans un second temps, le syndicat va s’atteler avec le concours de la Chambre de Métiers à mettre en place une formation spécialisée complémentaire sur notre territoire afin de donner les moyens d’enseigner et ainsi de faire perdurer ce savoir-faire rare.

Beaucoup de collectivités locales l’ont bien compris, et ont d’ores et déjà mis en place des projets en partenariat avec les professionnels concernés, tel le pôle bijou à Baccarat, pôle d’excellence rurale tourné vers la bijouterie contemporaine, ou bien l’Institut de bijouterie de Saumur.

Une telle structuration de l’offre touristique liée au maintien du savoir-faire artisanal a donné des résultats très satisfaisants, qui justifient de multiplier les initiatives. Pour revenir sur la structuration de l’offre touristique, un troisième but pourrait être la mise en place d’un centre d’interprétation au sein de cette maison du Grenat afin d’expliquer au public d’une manière didactique l’histoire, le métier et l’amour des bijoux en grenat.

En conclusion, les métiers d’art sont des activités à très forte valeur ajoutée au niveau de l’image de marque d’une ville et d’un département. Développer ce secteur, notamment grâce à son intégration dans des réseaux d’offre touristique, présente donc un intérêt économique certain, qui bénéficie à toute la collectivité. Un artisan qui voit ses commandes s’accroître est un professionnel qui va peut-être recruter un ouvrier supplémentaire. Quand des emplois se créent, des hommes et des femmes s’installent avec leurs familles, consomment, animent la vie locale. Quand des communes et des départements se repeuplent, un cycle vertueux s’engage et des moyens nouveaux peuvent être mis à disposition pour l’entretenir. Ainsi, une des réponses à trouver pour accroître la valeur ajoutée de l’industrie touristique est certainement l’affermissement et l’encouragement du métier de bijoutier traditionnel.

Tourisme et métiers d’art ont besoin aujourd’hui l’un de l’autre pour se développer. Ce sont des partenaires naturels qui peuvent avec l’aide des collectivités élaborer une politique ambitieuse de l’offre répondant parfaitement aux demandes des touristes d’aujourd’hui.

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Une réponse à Les enjeux d’un nouveau tourisme culturel pour le Grenat

  1. PALPANT René dit :

    Je reçois vos informations avec plaisir et j’ai vu que la Reine d’Arles et ses demoiselles d’honneur ont fait la liaison avec Frédéric MISTRAL et le Pays Catalan…Bon il faudrait que vous sortiez de votre territoire pour venir exposer en Provence et dans tous les territoires de traditions de l’arc de Perpignan à Menton !..Il y a bien sur les photos un nombreux public mais je pense qu’à chaque étape de vos déplacements cela serait la même chose si les associations et les groupes traditionnels organisaient cette information pour chaque territoire traversé en organisant avec les médias (qui devraient normalement être les relais de l’information locale au profit de tous !) un relais et soutenir notre culture et nos traditions !…A bientôt .

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