Au XVIIIe siècle, il est courant, dans les bourgs et villages du Roussillon, que les confréries religieuses dotent une ou plusieurs jeunes filles pauvres, afin qu’elle puisse faire un bon mariage.
La pratique existait aussi à Perpignan. On apprend, grâce à la description de J.B.B. Carrère dans son Voyage pittoresque de 1787, que ces jeunes filles gagnaient en dot l’habit nuptial. De type traditionnel, il est alors qualifié d’aragonais (ce que l’on peut traduite par “costume catalan à l’ancienne mode”, le Roussillon ayant fait partie avant 1642 du royaume d’Aragon).
Ce costume, étrenné pour la procession religieuse du lendemain de la loterie, était réalisé avec un important métrage de tissus. Carrère nous signale que l’on aurait pu faire deux robes avec autant d’étoffe.
La jeune fille est conduite à la procession et la messe depuis la maison de ses parents, puis ramenée au même endroit en tambours et trompettes. Il devait être d’un grand honneur que d’avoir une donzelle dans sa rue !
Le comte de Mailly, pour fêter la naissance du Dauphin, reprendra à son compte en 1781 cette pratique en dotant 12 jeunes filles. Il mélange ainsi pratique religieuse, tradition locale, et usage politique. N’était-il pas, lui-même, chanoine honoraire de la cathédrale de Perpignan?