Còfia catalana
Que sembla germana
De les de Bretanya i del Llimosí ,
Digue’s-nos, galana,
Ixes de sultana,
Del país del nord o de prop d’ací ?
Es segur : En França
Han pres recordança,
Les filles de foc del clar Rosselló.
I mai Barcelona
Ha tingut minyona,
Com elles portant puntes i galó.
Mes lo món canvia,
La vida varia,
Ahir i avui som com dia i nit :
Còfia tant presada
I dels vells honrada,
Al segle vinent seràs dins l’oblit.
Lo progrés ho traça.
La fortuna passa
Deixant gotimells per l’endarrerit.
Home de manies,
Que sempre palies,
Fes lo del teu temps lo teu esperit.
Es així ! La terra
Torna ben lleugera
I sense cabal del negre torment,
De la folla lassa
I qu’un res traspassa,
Mentre el Canigó resta indiferent !
Còfia catalana,
Que sembla germana
De les de Bretanya I del llimosí,
Aniràs com elles,
Ab les llunes velles,
Per que cada edat te lo seu camí.
Mes, còfia divina,
Com la barretina,
No tendràs per fi lo descuit complet :
Ton motllo s’arrenca
De la pedra blanca,
I el nostre escultor, En Sudre, ho ha fet !
En regardant « la charité » de notre Sudre
Coiffe catalane
Qui semble sœur
de celles de Bretagne et du Limousin,
Dis-nous, galante,
Es-tu sultane,
Du pays du nord ou de près d’ici?
C’est sûr : En France
ont pris souvenance
les filles de feu du clair Roussillon.
Et jamais Barcelone
n’eût de jeunes filles,
Comme elles, portant dentelles et galons.
Mais le monde change,
La vie varie,
Hier et aujourd’hui sont comme nuit et jour:
Coiffe si appréciée
et des anciens si honorée,
Au prochain siècle tu seras oubliée.
Le progrès chemine.
La fortune passe
laissant des souvenirs pour le passé
Homme de manies
Qui toujours pallies
Fais en sorte que ton esprit soit de ce temps
C’est ainsi ! La terre
devient bien légère
et sans faire cas du noir tourment,
de la folie lasse
et qu’un rien ne dépasse
tandis que le Canigou demeure indifférent !
Coiffe catalane,
Qui semble sœur
de celles de Bretagne et du Limousin,
tu partiras comme elles,
A la lune vieille,
Pour que chaque âge trouve son chemin.
Mais, coiffe divine,
Comme la barretine,
tu ne seras enfin pas complètement oubliée
Ta forme s’arrache
De la pierre blanche,
et notre sculpteur, Sudre, l’a réalisée !
Josep Sanyas. La veu del Canigo, 1911, p.248-249.