Costume et bijoux roussillonnais: le mélange des genres

 L’expression relevée par le père Lestrange qui visite Perpignan en 1711 par rapport à une robe à la française prêtée par une femme de la noblesse perpignanaise pour habiller une Vierge de procession, qualifiée par les personnes du cru qui l’accompagnent de robe à la « gabatche » permet toutefois d’entrevoir très brièvement le ressenti et l’appréciation des traditionalistes sur leurs contemporains à la mode. L’ecclésiastique se plaçant du coté de la classe intermédiaire nous indique bien que coexistent alors deux manières de s’habiller, réalité qu’il décrit également lors d’un cortège de confrérie : « lors de la procession du Tiers-Ordre de Saint François je remarquais des dames de qualité vestues les unes à la françoise, les autres à la catalane, toutes portant le cordon du Tiers-Ordre sur leurs habits et pendant jusqu’à terre ». On peut donc voir là un cortège public ou se mélangent deux classes sociales, mélange que permet ce genre de groupement religieux.

Mais peut-on parler de ressenti politique entre une population bourgeoise fière de son identité et une noblesse se fondant avec les cadres de l’administration d’Etat ? Le pendant de cette étude serait à réaliser de l’autre coté des Pyrénées ou assimilation et passion pour la mode française a été aussi importante et ou l’appréciation pourrait se révéler très intéressante. En effet nous pouvons sans trop nous tromper donner à l’emprise de la mode française sur l’élite de la province roussillonnaise un caractère politique, un jeu subtil ou d’une manière ou d’une autre l’habit révèle d’un coté un attrait, et de l’autre une aversion ou un dénigrement. Nous avons peu de renseignements tangibles, mais ils sont éloquents. Le pouvoir royal s’intéresse même précocement à la question en 1662.

On indique à cette date au président du Conseil Souverain que : « sa majesté veult et entend que tous les habitants de la ville de Perpignan, comme la capitale du pays, et qui par conséquent doit donner l’exemple aux autres, soient dorénavant vêtus à la françoise »[2]. Cet exemple bien qu’unique démontre la volonté centralisatrice d’assimiler costume et appartenance territoriale. L’appel semble toutefois bien vain, le président répondant que pour lui c’est déjà le cas. En effet, la noblesse roussillonnaise comme nous l’avons vu se conforme comme partout en France à porter des habits similaires à ceux qui sont portés à la cour.

Le terme catalan « gavatx » désigne péjorativement une personne venant d’un territoire différent, non catalan, généralement le français.

ADPO, 2B90, lettre du président De Fontanella à Louis XIV, 1662.

Toute mes recherches en archives sur des ordonnances consulaires concernant le costume civil à Perpignan se sont révélées vaines pour la période.

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