Le Chevrier, poème de Pierre CAMO (Céret 1877-1974), Le Jardin de la Sagesse, 1906.

Le chevrier

L’Aspre aux rouges terrains par l’été désolé,

Se développe en mornes plaines ondulantes,

Où sont des murs tombants et des figuiers pelés,

Et le gibier nourri de plantes odorantes.

 

Dans la menthe sauvage et dans le genêt d’or,

Un jeune pâtre, brun comme une olive mûre,

Mène un errant troupeau de chèvres au crin fort,

Ami de l’herbe maigre et de la terre dure.

 

Il porte en son bissac un fromage de sel,

Un gâteau de maïs et des prunes sucrées,

Et ses formes de dieu s’élèvent vers le ciel

Dans la chanson du vent et des guêpes dorées.

Tous les jours que l’été fait calmes et sereins,

Il descend à travers la garrigue brûlante,

Avec le même cœur content de son destin,

Et la même démarche harmonieuse et lente.

 

De l’aurore de rose au crépuscule bleu,

Il contemple le ciel et les belles Albères,

Et, comme un clair ruban à l’horizon de feu,

La Méditerranée agréable à ses pères.

 

Connaîtrai-je jamais ce bienheureux destin

De pouvoir demeurer aux terres paternelles,

Et ce plaisir de respirer chaque matin

L’arôme inviolé des choses naturelles ?

 

Pierre CAMO a été fonctionnaire colonial à Madagascar. – Spécialiste de la littérature française du 17ème siècle. – Poète. – Grand prix de littérature de l’Académie française (1936).

Photographies de Laurent Fonquernie.

Modèle : Renad Semper. 

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