Le bonnet catalan, poésie de Jean AMADE (1878-1949).

Roussillonnaises

Roussillonnaises

Sur le visage rose où la lumière joue,

Tu mets un bouquet d’ombre au bord de chaque joue;

Et la fête d’amour qu’invite à célébrer

Ta grâce épanouie en un jardin léger,

Où sommeille sous l’herbe et parmi les ramures,

La nuit ou l’or des merveilleuses chevelures,

Donne au front de la femme un tel couronnement

Qu’on ne croit déjà plus au sourire qui ment

Et qu’on se laisse aller de tout son cœur crédule

A la fleur blanche où le frelon se dissimule…

Trame de fils menus, ô fragile réseau,

jeune femme posant en costume folklorique dans les années 1930
jeune femme posant en costume folklorique dans les années 1930

Qui ne pourrais peut-être arrêter un oiseau,

Tu captives l’amour aux plis de tes dentelles;

Ta puissance magique et tes vertus sont telles

Que, pour rompre ton charme et ta douce prison,

Il ne faut plus aimer l’âme du Roussillon.

Tu séduis le désir de l’homme au cœur volage,

Et le retiens longtemps dans ta petite cage;

Et le désir de l’homme y palpite vivant

Ainsi qu’un papillon dans une main d’enfant…

Mais par ces temps d’oubli, la douleur me pénètre

De te savoir déjà si près de disparaître.

Oh! Brille, brille encor sur l’horizon désert

Tant que j’aurai des yeux pour te suivre dans l’air;

Bel astre, n’éteins pas ta lumière divine;

O belle fleur, fleuris toujours sur la colline!…

 

Jean Amade, Le Bonnet catalan, Chants rustiques et oraisons, Paris, 1926, p.119.

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