Costumes et bijoux: la Cerdagne et le Capcir

L’auteur Carrère explore un autre domaine géographique, extra-muros de Perpignan et de la plaine du Roussillon, et encore plus représentatif d’une manière vernaculaire de s’habiller : « Le costume des femmes du Capcir et de la Cerdagne est différent de celui du reste de la province. Elles couvrent leur tête d’un filet ou réseau de fil ou de soie de couleur, ou bien d’une simple mousseline, que n’en recouvre que la moitié, et laisse à découvert les cheveux du devant. » Nous voyons là l’influence de la Catalogne dans le port de la résille couvrant les cheveux et non de la coiffe, ainsi que la manière particulière de porter le fichu ou mocador de cap très en arrière sur la tète.

L’usage d’un capuchon à pointe recourbée vers le haut est bien attesté : « Elles portent par-dessus un capuchon, rond par devant et pointu par derrière et tombant jusqu’à la ceinture. Il est blanc, de laine pour le peuple, d’une laine plus fine ou de mousseline pour les plus riches. »

« Elles ont au col une fraise de mousseline ou de dentelle. Leur habit est une espèce de corset, il est contenu dans une espèce d’écartement par une espèce de busquière triangulaire, garnie de baleines de fer, couverte de belles étoffes, mais très bigarrées, et maintenues par des lacets, rubans et cordons de différentes couleurs. » On peut penser à l’usage identique en Provence de porter un corps rigide ou busc recouvert d’étoffes de soie, usage qui était déjà tombé en désuétude dans les espaces de grande circulation comme la Roussillon et la Basse Provence à l’époque de Carrère. La Cerdagne conserve par sa position montagneuse l’usage du corps plus longtemps qu’ailleurs.

« Leurs jupons sont exactement ronds, à petits plis renversés à la ceinture et bordés en bas par des rubans de fil ou de soie de différentes couleurs, ou des galons ou dentelles en or ou en argent. Les femmes du peuple portent des bas rouges ou verts, et des espardegnes ou souliers de corde, ou bien des souliers dont le cuir est tailladé en plusieurs sens de manière à former un dessein. » Le plateau cerdan était réputé pour ses productions de bas réalisés à domicile pendant les longs hivers, ce qui explique la possibilité aux femmes de toutes conditions de pouvoir en porter soi-même. De même le travail du cuir, réputé en Catalogne et en Roussillon, s’exprime dans la réalisation de chaussures.

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