Des bals pour se montrer en bijoux

Au XIXe s. les festivités et les bals sont pour les Catalanes autant d’occasion de se montrer parées de la plus belle robe et des plus beaux bijoux.

Voici ce dont se souvient, vers 1810 l’écrivaine Amable Tastu dans son récit intitulé “Les danses roussillonnaises”, publié à Paris en 1842:

“Les danses en Roussillon ont lieu aux fêtes patronales du village ou de la paroisse de la ville ; le matin, à l’issue de l’office, se fait la passa-vila, espèce de promenade, que les musiciens, qui ont retenu leur vieux nom de juglars, font par les rues en jouant de leurs instruments. Ils s’arrêtent devant le logement des autorités et de personnes notables pour leur donner l’aubade et leur offrir des gâteaux. La première de ces fêtes à laquelle j’assistai était celle du faubourg de Perpignan. Depuis trois heures de l’après midi, j’entendais de loin retentir la joyeuse et bruyante musique, car les danses commencent ordinairement à la sortie des vêpres, et s’interrompent à l’heure du souper, pour recommencer après de plus belle, et continuer souvent toute la nuit. “

« Je fus frappée du coup d’œil pittoresque et animé de la fête. L’enceinte ovale était formée de portiques de verdure et décorée de guirlandes semblables ; d’immense lanternes l’éclairaient comme en plein jour, les femmes et les jeunes filles occupaient alentour un triple rang de chaises, derrière lesquelles le terrain relevé en talus était couvert de nombreux spectateurs…Je distinguais au milieu de la foule beaucoup de paysans de la plaine ou de la montagne avec leur costume pittoresque : la veste et le pantalon de velours ou de nankin, la ceinture rouge autour du corps, le mouchoir de soie négligemment noué au cou, le long bonnet écarlate retombant sur l’épaule ou sur le dos, et aux pieds les espadrilles ou sandales de cordes qui s’attachent à l’antique autour de la jambe par des cordons de laine rouge ou bleue. Le costume des femmes n’avait de remarquable que le capucho, espèce de capuchon en laine ou en basin selon la saison, qui tombe jusqu’à la taille et les enveloppe comme un voile de madone. Mais vous pensez bien que celles qui le portaient n’étaient pas au nombre des danseuses ; celles-ci n’étaient coiffées que d’un petit bonnet garni à la catalane d’une dentelle cousue à plat et descendant sur le front, ou d’un tulle ruché selon la mode d’alors. Je remarquais parmi elles quelques demoiselles de la ville en cheveux et en robes blanches ; mais les jeunes gens de toutes classe dansaient en veste de coutil ou de nankin. »

« le ball commence par une espèce de promenade autour de l’enceinte, chaque cavalier tenant sa dame sous le bras ; puis il la quitte, et part à reculons devant elle, tandis qu’elle le suit : bientôt elle recule à son tour, et c’est le danseur qui court après. Ensuite ils exécutent avec d’autres couples une espèce de chassez croisé …. »

En 1818, les bals sont l’occasion de se montre dans ses plus belles tenues (ADPO, 59J18, famille Ferriol) :

« c’étaient les bals à l’hôtel de Commerce dit aussi de la Perdrix, qui attiraient toute la jeunesse des deux sexes, toutes les classes y paraissaient, mais ne se rencontraient pas, ces bals se donnaient tantôt pour les dames du grand monde et tantôt pour celles du demi-monde et pour les filles des honnêtes artisans qu’on surnomme grisettes, le beau sexe ainsi divisé s’y montrait a certains jours convenus, en agissant ainsi, les jeunes gens avaient trouvé le moyen de contenter tout le monde sans froisser personne. »

En 1823, les réjouissances sont données à Perpignan pour la venue de la duchesse d’Angoulême. Les danses données en son honneur sont l’occasion pour le chroniqueur de décrire, parmi ceux qui les composaient tantôt “des gens du peuple, sous le costume national, c’est à dire  portant le long bonnet rouge dont le bout flottant tombe sur les épaules, une veste et un pantalon de velours, une ceinture rouge et des espardilles aux pieds ; tantôt de jeunes élégants qui, sous une veste légère, apportaient dans ces danses la grâce des salons.”

(Henry, D.M.J., « Danses catalanes exécutées en présence de S.A.R. Madame, duchesse d’Angoulème », ed. Tastu, Perpignan, mai 1823, p.19.)

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