Aigle de Pologne au corps en grenat

Cet extraordinaire bijou fut l’un des joyaux de la collection de Louis XIV (1638-1715) et entra dans sa collection vers 1669. Il s’agit d’une agrafe en forme d’aigle, ornée de rubis, de perles et d’émail peint. Les spécialistes s’accordent à penser qu’il s’agit d’une œuvre d’orfèvrerie parisienne. Il représente symboliquement l’emblème de la Pologne, et prouve les liens tissés entre la France et les souverains polonais au XVIIe siècle.

Un important grenat taillé à facettes triangulaires compose le corps de l’aigle. La monture formant la tête, les serres, la queue et les ailes de l’aigle, est couverte de rubis, tous rectangulaires sauf les deux plus gros rubis de la queue qui sont en forme de cœur. Les ailes sont également enrichies de 38 rubis.

Au dessus de la tète se trouvent les regalia : couronne et orbe en émail bleu, ornés de rubis, sceptre et épée. Le reste de la monture est entièrement couvert d’émail blanc sur lequel les plumes sont dessinées en émail noir.

Le style du décor de l’émaillage et l’aspect des rangées de rubis semblent indiquer qu’il s’agit d’une œuvre parisienne, en particulier les petites palmettes entourant les deux grands rubis de la queue. Les montures en or émaillé de blanc et de couleurs étaient fréquentes au XVIIe siècle aussi bien pour les vases en pierre dure que pour les bijoux comme cette agrafe.
La composition de l’aigle est presque identique à celle de l’Aigle impériale à deux têtes, du milieu du XVIe siècle, ornée de diamants et conservée à la Schatzkammer de Munich. Cependant il ne s’agit pas d’une aigle impériale mais de l’aigle blanche du blason de la Pologne.

Les liens de la France avec les deux derniers souverains polonais de la maison Vasa – Ladislas IV (1595-1648), devenu roi en 1632 et son frère Jean-Casimir (1609-1672) – confirment cette hypothèse.

Louis XIV acheta des objets à la succession de Marie-Louise de Gonzague (épouse successivement des deux souverains précédents et décédée à Varsovie en 1667). L’agrafe provient peut être de cette succession : son entrée dans les collections royales est d’ailleurs contemporaine de l’installation, à Paris, de Jean-Casimir, détrôné.

Ce bijou est conservé aujourd’hui au musée du Louvre à Paris.

ALCOUFFE Daniel, Les Gemmes de la Couronne, Paris, Editions de la Réunion des musées nationaux, 2001, p.430-431.

Aigle de Pologne au corps en grenat
Milieu du XVIIe siècle
Collection de la Couronne, Musée du Louvre, Paris, MR 418, Objets d’art
Grenat hessonite, or émaillé, 149 rubis, émeraude, perle.
H. : 11,10 cm.
Entré dans la collection de Louis XIV avant 1673

Ce contenu a été publié dans Bijouterie d'Ancien-Régime. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Aigle de Pologne au corps en grenat

  1. Barthès Françoise dit :

    Voilà qui est très intéressant. on évoque souvent Cinq mars, mais jamais Marie-Louise de Gonzague et son oeuvre en pologne. pourtant elle a beaucoup fait

  2. Rosa M. Martín i Ros dit :

    M’has fet conèixer una joia magnífica. Molt interessant la descripció i les fonts històriques.

Répondre à Rosa M. Martín i Ros Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *