John Scott et John Taylor partagent auprès de leurs lecteurs anglais leur voyage en Roussillon. On peut noter quelques intéressantes informations sur les costumes :
« Les vêtements des hommes, comme leur langage, sont plus proche du Catalan que du Languedocien : vestes courtes, pantalons hauts, et quelquefois une ceinture rouge. Mais, ce qui est, de loin, la partie la plus visible, c’est le couvre-chef, un bonnet tricoté en laine, de couleur pourpre vif, d’une longueur d’environ deux pieds, et d’égale longueur jusqu’à l’extrémité qui est légèrement arrondie. L’extrémité longue pend, ou bien sur le côté, ou bien est repliée sur la calotte, par ce que plus pratique, ou bien par coquetterie. Le bonnet est chaud et confortable et, quand il est propre, ce qui est généralement le cas dans les régions riches du Bas Roussillon, il est vraiment très élégant. Pour les pieds de ceux qui n’ont pas encore adopté les chaussures françaises, ils portent les espadrilles catalanes, une sandale de tresse, avec un tout petit talon et une empeigne, et attaché autour de la cheville avec un ruban bleu. Les bas qu’ils portent avec ces sandales, s’ils en portent, n’ont pas de pieds seulement un petit lien sous la semelle pour les maintenir.
Le vêtement des femmes des campagnes, en dehors de Perpignan, n’est pas ostentatoire. On rencontre rarement la variété de couleurs que les Provençales adorent, ou l’éternel orange-brun des grisettes montpelliéraines. Elles semblent préférer des couleurs sombres et ternes, des gris de différentes teintes, souvent en rayures larges ou parfois pourpres, la seule couleur criarde qui leur plaise. Leurs corsages courts, serrés à la taille et leurs jupons épais, froncés de façon énorme dans le dos sont très semblables au Languedoc. Mais, pour la coiffe, c’est seulement tout à fait au nord du Roussillon que l’on observe encore la petite coiffe étroite, plissée, le chapeau noir plat et large de l’autre province. Plus au Sud, c’est le ret catalan et le mouchoir. Ce ret est un filet noir, de 2 à 3 pieds de long, placé sur la tête comme les bonnets des hommes sauf qu’il est serré fermement autour de la tête avec un ruban noir. L’extrémité longue pend derrière le dos et se termine par un gland élégant. Au dessus de cela se trouve un mouchoir en tricorne, noué sous le menton, pour montrer au dessus du front les rubans des rets. Le troisième coin dépasse au dos de la tête. Avec cette coiffe, leur front rond, dénudé et leurs traits proéminents, brillants et brûlés par le soleil, elles ne paraissent certainement pas, en général, très gracieuses ou ravissantes. Pourtant je l’ai quelquefois vu porté de façon extrêmement seyante1.»
1 John Scott,John Taylor, « Sketches of manners in the south of France, n1, the Roussilonnais », The London Magazine, 1827, Volume 17.