Perpignan, ville blonde où l’or étincelle :
Or sur le Canigou neigeux,
Or clair des mimosas agitant leur dentelle,
Or fauve du platane à cette heure infidèle
Où l’automne pleure ses feux,
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Perpignan où le rire à l’éclat des grenades
Entr’ouvertes de volupté,
Pays où le soleil claironne ses aubades,
Où le couchant unit les pourpres sérénades
De la gloire et de la Beauté.
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Perpignan, toi qui sais animer sur la terre
Le mouvant et souple décor
De la sardane, danse au rythme de prière,
Et dont le fier blason clame dans la lumière
Ces mots magiques : « Sant et Or »,
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Se pourrait-il qu’en toi gémisse une souffrance,
Que, dans ton cadre en fleurs, s’éteigne une espérance,
Si, le jour resplendit et chante le bonheur,
L’ombre est plus noire, et plus farouche la douleur.
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En nous, autour de nous, rien ne doit être sombre,
Ce qui fait la douceur de vivre, c’est le nombre
Des sourires émus sur les lèvres, éclos
Quand la tendresse apaise et berce les sanglots.
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Nulle détente, nul plaisir de l’homme, nulle fête,
Sans élan du cœur ne peut être parfaite ;
Dans le livre infini, Bonheur s’écrit bonté,
Nul mage, nul savant -feu dans l’éternité-
Ne sut lui consacrer de formule meilleure.
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Un homme, esclave amer, une femme qui pleure,
Un enfant nu, jettent des taches sur le ciel,
Le malheur de chacun devient universel.
Et puisqu’ici vénus, sous le ciel qui flamboie,
Unie dans l’amitié le travail et la joie,
Nous avons dès le seuil, rencontré la Beauté,
Donnons-lui cette sœur d’amour, la Charité !
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Jane Marwig
L’éveil catalan, 14 juin 1930.
écriture très intéressante, tristesse et enthousiasme très dramatiques Merci de l’avoir écrit et bonne journée