Je voudrais, comme on offre à des Reines, offrir
Les plus riches grenats sertis par nos orfèvres
Ou ces divines fleurs, douces comme vos lèvres,
Qui brillent de Collioure aux sommets du Capcir.
Mais je n’ai rien ! L’exil du pays me condamne
A n’avoir de chez vous ni bouquet, ni joyau,
Et cependant je ne veux pas, ô Catalanes,
Vous laisser repartir sans vous faire un cadeau.
Alors mes fleurs, les fleurs que ce soir
j’ai choisies pour vous,
Ce sont les mots dorés que j’ai choisis pour vous,
Et je vous donne encore, en guise de bijou,
Ce grenat clair et pur qu’est un cœur de poète !
Henri Noell, “Aux Catalanes”, Dans l’or de l’automne, ed. La Tramontane, 1965.