Aristide Maillol, portrait de l’abbé Rous, ardent catalaniste.

Aristide MAILLOL (1861-1944), l'abbé Rous.

Aristide MAILLOL (1861-1944), l’abbé Rous.

Aristide MAILLOL (1861-1944), l’abbé Rous.

Huile sur toile, réentoilée. Signée en bas à droite et dédicacée : ” a Melle E. G…. souvenir bien affectueux “, 46 x 35 cm.

Bibliographie : …”Trois autres portraits, peints à Banyuls, à des époques différentes, et qui sont les seuls que je connaisse présentent un intérêt particulier parce qu’on y voit MAILLOL s’acheminer, ce me semble, vers une phase nouvelle de son évolution, qui sera la phase de la tapisserie. Le premier est le portrait de l’abbé Rous, curé de Banyuls ; les deux autres, le portrait de sa tante Lucie et celui de Madame MAILLOL, exécuté quelques mois avant son mariage. Le sens que j’ai donné de ces trois oeuvres, posées comme des jalons sur le parcours de cette étape initiale du peintre, justifie quelques indications à leur sujet.

Dans la première, datée de 1892, l’abbé Rous est représenté debout, dans une allée de son jardin, sur un fond de jeunes arbres, où les verts nuancés, les blancs des fleurs et la lumière blonde tissent une décoration délicate. Il a suspendu la lecture de son bréviaire, qu’il tient des deux mains, un doigt glissé dans les feuillets, pour marquer la page. De haute taille, puissant, le faciès romain, il marche vers le spectateur et, tout près de lui, semble déborder le cadre. Au centre de la vaste tache noire de la soutane, les mains robustes, grasses et le lourd bréviaire se détachent en relief vigoureux. Sous le masque expressif, ces mains complètent la personnalité du modèle. Personnalité très accusée, tout ensemble grave et joviale. Commerçant, – il fonda, en 1872, l’oeuvre du vin de Messe, pour bâtir la nouvelle église ; – catalaniste disert et félibre, – je lui dus en 1884, à Montpellier où j’avais commencé mes études de médecine, la joie d’entendre, au banquet du félibrige, le grand Mistral, alors dans tout le rayonnement de sa gloire et beau comme un dieu, entonner, parmi les acclamations, la première strophe de la “Coupo santo”, – l’abbé Rous fut, en son temps, une très attachante figure catalane.

La toile de MAILLOL le dresse, très vivant, dans mes souvenirs, et, sans doute, cette impression de réalité me fait-elle juger ce portrait avec un peu de partialité cordiale. Comme je faisais part, un jour au portraitiste d’alors, devenu le Maître sculpteur, du goût que j’avais pour cette oeuvre de jeunesse : – Non, ce portrait est médiocre, me dit-il ; pourtant comme tu le penses, les mains et le livre qu’elles tiennent sont bien…”

MAILLOL mon ami, Docteur Bassères, 1979, p. 68-69.

Ce contenu a été publié dans Littérature, noblesse roussillonnaise. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *