Les boucles d’oreilles dites Carbassettes

Les Carbassettes sont les boucles d’oreilles les plus typiques du Roussillon au début du XIXe siècle. Nous retrouvons ce type de boucles sur le portrait de Madame Elisabeth Campagnac, daté des années 1800.

Une calebasse (carbassette en catalan) en or creux est suspendue à la dormeuse plus ou moins longue identique à celle de la fileuse. C’est bien la forme de la pampille qui a donné son nom à ce bijou réalisé par estampage. Les carbassettes peuvent être considérées comme véritablement identitaire bien avant les boucles en grenats. En effet lorsqu’en 1829, la duchesse de Berry est reçue à Perpignan en grande magnificence. Le chroniqueur relate : « Pendant son trop court séjour à Perpignan, Madame la Duchesse de Berry a fait disposer quelques costumes catalans qu’elle a emportés, et a fait peindre le portrait de deux jeunes et jolies filles de la Cerdagne, ou l’on conserve dans toute sa rigueur, la tradition des anciens vêtements en usage dans cette contrée. Son Altesse Royale a eu l’extrême bonté de se montrer au spectacle avec des pendants d’oreille dits carbassettes, qui sont une partie obligée du vrai costume catalan » (Le journal des P.O., 1829, 22 novembre, p.675).

Fait esthétique autant que politique, l’accaparement par la duchesse de Berry des parures et costumes provinciaux va de pair avec son anti centralisme affiché. De ce fait elle charme les régions qu’elle visite en en adoptant la parure, tout en développant l’idée qu’il faut renverser l’actuel pouvoir. Elle choisit donc de porter des carbassettes qui lui ont semblé représenter le type de boucles d’oreilles le plus usité par les femmes du Roussillon.

Ces boucles sont portées par les deux jeunes Catalanes en costume de travail, peint par Guiraud vers 1850 et pouvaient etre achetées dans la boutique de Joseph Mourat en 1858 (pendants à pierre d’occasion et petites gourdes). Les plus fameuses sont celles que le sculpteur Gabriel Farrail a représenté sur le buste de sa mère, buste réalisé en 1868 (propriété de la ville de Perpignan).

 Il a existé des carbassetes en pierres dures ainsi qu’en corail. Il est aussi à remarquer que les gourdes, poires ou carbassettes sont un modèle de pendeloque ancien que l’on retrouve en bois doré ornant la cadireta du début du XVIIIe siècle de l’église de Néfiach. Cela prouve l’ancienneté de cette forme et de son emploi dans l’art décoratif local.

Les estampes de fabrications des carbassettes sont encore conservées chez quelques bijoutiers qui ont hérités d’outils anciens. Ces boucles d’oreilles en vogue dès la fin du XVIIIe siècle tombent en désuétude après 1850, même si certaines sont produites jusqu’à la guerre de 14/18 comme les minuscules carbassetes de petite fille se trouvant dans la collection de Maury et portant un poinçon de garantie de cette période.

Portrait d’Elisabeth CAMPAGNAC (1754-1828).

Carbassettes en or, exposition au Palais des rois de Majorque, photo D. Maugendre.

Deux Catalanes, A. Guiraud, vers 1850, collection Musée Rigaud Perpignan.

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Une réponse à Les boucles d’oreilles dites Carbassettes

  1. très intéressant ! merci ! 🙂

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